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jeudi 25 avril 2024

Justice: Le Syndicat des magistrats menace de reproduire le scénario d’octobre 2019

Dénonçant «les difficultés» que rencontrent les magistrats «dans l’exercice de leur profession» et «la situation socioprofessionnelle qui se détériore de plus en plus», le Syndicat national des magistrats brandit la menace de renouer avec la contestation comme en 2019.

Par Thinhinene Khouchi

Dans un communiqué publié quelques jours après une réunion qui a eu lieu jeudi dernier à Alger, le bureau exécutif du Syndicat national des magistrats (SNM) a dénoncé l’état «inquiétant» de la justice, à travers «les difficultés» que rencontrent les magistrats «dans l’exercice de leur profession» et «leur situation socioprofessionnelle». En effet, le syndicat a mis en avant «la situation difficile» des magistrats «dans l’exercice de leurs fonctions, notamment en ce qui concerne le volet procédural», mais aussi celui lié «au délai d’examen des dossiers judiciaires, ballottés entre la célérité étonnante et les lenteurs mortelles, constituant ainsi une atteinte à l’équité, un des principes fondamentaux de la justice. Ce qui complique davantage cette voie, c’est qu’elle émane de deux hautes juridictions, la Cour suprême et le Conseil d’Etat, exposant ainsi la justice à l’insulte et au sarcasme de la part d’un large spectre de la société (…). Continuer dans cette voie, c’est attenter à ce qui reste de la réputation de la justice». Pour l’organisation syndicale, la situation socioprofessionnelle des magistrats se «détériore de plus en plus en l’absence d’une quelconque concrétisation des engagements qui oscillent entre les lenteurs et la bureaucratie, cherchant à gagner du temps et des emplacements personnels». Le SNM met en garde contre le maintien de cet état de fait qui, selon lui, «augure une explosion incontrôlable» et rappelle que «le scénario d’octobre 2019 n’est pas loin». Le représentant des magistrats brandit, en effet, la menace de reprendre la protestation si la tutelle ne répond pas favorablement aux revendications formulées, dont la nature varie, alors que celles déjà posées en 2019 refont surface. Le SNM n’écarte donc pas un remake de la contestation de l’automne 2019 qui avait défrayé la chronique politico-judiciaire dans le cas où les choses «resteraient en l’état». Il y a, en effet, dans le communiqué à valeur de préavis de contestation du SNM, des revendications à cataloguer dans le chapitre du socioprofessionnel, mais il y a aussi des points renvoyant à des dysfonctionnements qui «entravent le travail des juges» dans un contexte particulier. Des reproches qui ne manqueront pas, selon toute vraisemblance, de susciter la réaction des parties évoquées et probablement celle du ministère. Sur le plan socioprofessionnel, le syndicat met en évidence une «dégradation de la situation», imputée, selon les termes du communiqué, «à la non-concrétisation des engagements de la tutelle». Une raison pour le SNM de reformuler son exigence «de gestes et actes de nature à soustraire la corporation des juges aux turbulences épisodiques» que traverse le secteur. Par ailleurs, le SNM a reproché à la tutelle «les entraves» contre l’exercice du droit syndical, citant également «des pressions contre les juges syndiqués», réclamant le droit de créer «des sections syndicales pour défendre les droits des professionnels». En outre, le SNM a annoncé la saisine officielle du ministre de la Justice pour «exiger une décision de séparation des fonds des œuvres sociales des magistrats de ceux des autres personnels de la chancellerie, et ce, dans les meilleurs délais», précisant que les magistrats «ne bénéficient pas de ce service alors qu’ils cotisent plus que les autres». Enfin, le SNM finit par appeler les magistrats à «participer à l’enrichissement des textes de loi liés au secteur de la Justice», notamment le statut des magistrats, la loi organique portant organisation du CSM et celle du syndicat, «dans le but de consacrer l’indépendance de la justice dans le cadre de la nouvelle Constitution». En attendant de voir qu’elle suite va donner le SNM à son préavis d’action de protestation, il ne fait point de doute que les prochains jours et semaines seront agités, ce qui n’est pas sans rappeler tous les sujets de discorde entre les magistrats et le ministère de la Justice. T. K.

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