Dans quelques jours désormais, le 10 avril très exactement, les Français se rendront aux urnes pour le premier tour de la présidentielle, dont le deuxième aura lieu deux semaines plus tard. Celui-ci verra, d’après des sondages à cet égard aussi constants qu’unanimes, s’affronter les mêmes finalistes qu’il y a cinq ans, à savoir Emmanuel Macron et la candidate d’extrême droite, Marine Le Pen. Les mêmes sondages accordent la victoire au président sortant, avec une avance confortable qui plus est, toutefois plus réduite qu’elle ne l’était lors de l’élection de 2017, ce qui somme toute est cohérent avec la droitisation accrue de l’opinion publique française. Le glissement à droite serait sujet à caution si l’écart du deuxième tour avait tendance au contraire à se creuser dans les sondages en faveur de Macron. Mais, ce n’est pas uniquement en cela que la présidentielle à venir tend à imiter la précédente, encore qu’elle ait attendu les dernières semaines pour s’aligner sur elle relativement à un autre point : la percée de Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France Insoumise, promu contre toute attente au rang de troisième homme de la compétition, alors que récemment encore il venait assez nettement derrière Eric Zemmour, l’autre représentant de l’extrême droite, et Valérie Pécresse, la candidate des Républicains.
Une dynamique semble à l’œuvre en sa faveur, susceptible de le porter plus haut encore dans les sondages. Si elle se confirmait dans les jours qui viennent, tout serait possible, et d’abord que ce soit Mélenchon et non Le Pen pour affronter Macron au deuxième tour. Cette possibilité est de plus en plus prise au sérieux, d’autant qu’il ne manque pas à gauche de réserves de voix à même de la conforter. Il est vrai qu’il n’en manque pas non plus à Le Pen, qui serait sans doute plus proche de Macron s’il n’y avait qu’elle pour représenter son camp. Reste que des trois candidats en tête, c’est celui qui occupe la première place qui semble en avoir le moins, et qui pour cela n’est pas complètement à l’abri d’une mauvaise surprise, en dépit de son avance encore marquée sur la candidate venant derrière lui. Or si l’on a une idée de la façon dont se solderait un deuxième tour opposant les mêmes candidats qu’en 2017, c’est-à-dire par une deuxième victoire de Macron, il est plus difficile de prévoir ce que donnerait ce même tour mais se jouant entre Macron et Mélenchon, à plus forte raison si la dynamique portant ce dernier ne se démentait pas d’ici non pas le 10 avril mais au-delà, jusqu’à la veille du 24 avril. Quelque chose qui accroîtrait sur-le-champ les chances de Mélenchon d’arriver au deuxième tour, ce serait évidemment le retrait des autres candidats de gauche, ainsi que du candidat écologiste. Ni le candidat du PC, ni la candidate du PS ne montent dans les sondages ; au contraire, ils reculent, de façon plus marquée pour cette dernière, cela d’ailleurs non pas parce que le premier résiste mieux qu’elle, mais parce qu’elle était partie plus haut que lui. Certes sondages et élection ne sont pas la même chose, mais pas dans n’importe quel cas de figure, et à n’importe quelle échelle. Un candidat dont l’ambition véritable est d’obtenir les 5 % de voix requis pour se faire rembourser ses frais de campagne n’a aucune chance d’être au deuxième tour, aussi imprécis que puissent être en général les sondages.