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vendredi 29 mars 2024

«Je ne vais pas me taire sur ce scandale et j’assume mes propos»: Saida Neghza charge le CREA et le qualifie de FCE-bis

La présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Saïda Neghza, n’y va pas avec le dos de la cuillère avec le Conseil du renouveau économique algérien (CREA) et son président Kamel Moula.

Par Meriem Benchaouia

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, la patronne de la CGEA a tiré à boulets rouges sur la nouvelle organisation patronale qui regroupe des entreprises publiques et privées. En colère, elle critique également le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, qui a accordé, en premier, une audience à cette association patronale qui «a à peine deux mois d’existence», dans le cadre des consultations sur la relance économique. La présidente de la CGEA accuse ouvertement le Premier ministre de privilégier le CREA qu’elle qualifie de «nouveau-né». Cette attention a indigné Saïda Neghza qui compare le CREA à l’ex-Forum des chefs d’entreprises d’Ali Haddad, «l’ex-FCE qui a ruiné le pays» et qui purge de lourdes peines de prison après avoir été condamné pour corruption. Selon elle, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, «est le Président de tous les Algériens et il n’a eu besoin de personne pour être élu démocratiquement. Même si la majorité n’a pas voté, le Président a été loyalement et démocratiquement élu. Personne ne peut le contester». «Je n’ai jamais gardé le silence et j’ai toujours dénoncé les pratiques frauduleuses de l’ex-FCE du temps de la toute-puissance des Haddad, Saïd Bouteflika, Sellal et Ouyahia», a-t-elle dit. «Ce n’est pas maintenant que je vais me taire poursuit-elle, alors que l’on assiste à la reproduction des erreurs du passé et surtout à la naissance d’une nouvelle bande (issaba)». Assurant qu’elle n’est pas contre la création de nouvelles confédérations, elle a déclaré que «le CREA n’est autre qu’un FCE-bis». «Ils ont ramené un autre Haddad. Je suis contre ceux qui veulent créer une autre ‘’Issaba’’ dans le pays», a-t-elle indiqué dans sa vidéo. «Je suggère au Premier ministre de demander à son ministre du Travail de lui dire quelle est la première confédération patronale en Algérie», a martelé Saïda Neghza. Furieuse, la patronne de la Confédération générale des entreprises algériennes déplore qu’elle ne soit pas considérée dans son pays alors qu’elle «a été honorée dans de nombreux pays, que ce soit au BIT ou ailleurs où nous avons fait honneur à notre pays. En Algérie on ne considère pas les gens qui aiment l’Algérie et la font respecter», dénonce-t-elle. «Il est vivement urgent d’ouvrir une enquête sur la composante de ce CREA. J’invite le ministre de la Justice à s’intéresser à ce dossier», déclare la patronne de la CGEA. Tout en se disant ne pas être contre le fait que Kamel Moula soit reçu par le Premier ministre, elle déplore que plusieurs membres de cette nouvelle organisation patronale «traînent encore une réputation plutôt inquiétante» et cite comme exemple les banques, Naftal et Cosider, entre autres. «Nous sommes dans le même scénario que le FCE. Il y a un risque évident de voir les capitaux publics se mêler à ce climat», dit-elle. Saida Neghza s’adresse au Premier ministre Aimene Benabderrahmane : «Vous avez offert au CREA des banques, des entreprises nationales (Sonelgaz, Naftal, Saïdal), c’est-à-dire que vous avez créé un Ali Haddad, et pour que tous les cahiers des charges et les projets aillent à cette organisation et les hommes d’affaires qui la composent. Vous nous avez créé une issaba», a encore martelé Mme Neghza qui rappelle qu’elle a traversé, du temps de l’ancien président et de son cercle d’hommes d’affaires, des épreuves qui l’ont affaiblie (elle a souffert de cancer) et la fermeture de ses sociétés. Et de jurer : «Même si vous resterez 20 ans à la tête du gouvernement, je ne mettrais pas les pieds dans vos bureaux. Vous n’avez qu’à chercher à voir qui sont réellement les organisations représentatives qui se sont tant sacrifiées pour le pays». A cet effet, Saida Neghza a affirmé qu’elle ne se taira pas face à ce qu’elle considère comme un «manque de considération à son égard et son organisation patronale». «Je ne vais pas me taire sur ce scandale et j’assume mes propos, Je suis prête à aller en prison et à mourir, ma seule condition c’est qu’on me respecte», a-t-elle affirmé.

M. B.

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