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jeudi 23 mars 2023

Japon: Les autorités vont rejeter de l’eau de Fukushima à la mer

Le Japon va rejeter dans l’océan Pacifique, après traitement, plus d’un million de tonnes d’eau provenant de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima Daiichi, a annoncé, hier, le gouvernement nippon malgré l’opposition de pays voisins et des pêcheurs locaux.Cette décision met fin à sept années de débats sur la manière de se débarrasser de l’eau issue de la pluie, des nappes souterraines ou des injections nécessaires pour refroidir les cœurs des réacteurs nucléaires entrés en fusion après le gigantesque tsunami du 11 mars 2011.Environ 1,25 million de tonnes d’eau contaminée sont actuellement stockées dans plus d’un millier de citernes sur le site de la centrale accidentée.
L’eau sera rejetée «après nous être assurés qu’elle est à un niveau (de substances radioactives, NDLR) nettement en-dessous des normes de sécurité», a déclaré, hier, le Premier ministre, Yoshihide Suga, ajoutant que le gouvernement japonais prendrait «des mesures» pour empêcher que cela n’entache la réputation de la région.
Une décision rapide était nécessaire car l’eau continue à s’accumuler et les limites des capacités de stockage sur place pourraient être atteintes dès l’automne 2022, selon Tepco, l’opérateur de la centrale.
L’eau destinée à être relâchée dans cette opération, qui ne devrait pas commencer avant deux ans et pourrait prendre des décennies, a été filtrée à plusieurs reprises pour être débarrassée de la plupart de ses substances radioactives (radionucléides), mais pas du tritium, lequel ne peut pas être éliminé avec les techniques actuelles.
Cette solution est très contestée par les pêcheurs et agriculteurs de Fukushima, dans le Nord-Est du pays, redoutant que cela n’affecte encore davantage l’image de leurs produits auprès des consommateurs, même si Tepco s’est engagé hier à prendre «des mesures pour empêcher que des rumeurs néfastes ne circulent à l’encontre de l’agriculture, des forêts, de la pêche et du tourisme dans la région».
Le gouvernement «nous a dit qu’il ne rejetterait pas l’eau sans l’adhésion des pêcheurs», a déclaré Kanji Tachiya, responsable d’une coopérative locale de pêche à Fukushima, mais «maintenant, ils reviennent là-dessus et nous disent qu’ils vont rejeter l’eau, c’est incompréhensible».
Plus d’une centaine de personnes ont aussi manifesté hier devant le Kantei, les bureaux et la résidence officielle de M. Suga à Tokyo, portant des pancartes avec des slogans contre la décision. «S’il vous plaît, arrêtez maintenant», a lancé Ichiro Tanaka, un manifestant sexagénaire, selon des propos recueillis par l’AFP. «Ne pourrissez pas Fukushima et tout le Japon avec la radioactivité» (…). «Vous avez dû décontaminer la zone après l’accident, n’allez pas répandre à nouveau la contamination».
«Le gouvernement japonais a une fois de plus laissé tomber les gens de Fukushima», a réagi, hier, Greenpeace, fustigeant une «décision complètement injustifiée de contaminer délibérément l’océan Pacifique».
L’organisation environnementale a répété son appel à poursuivre le stockage de l’eau jusqu’à ce que la technologie permette de la décontaminer complètement.
Début 2020, des experts commissionnés par le gouvernement avaient recommandé le rejet en mer, une pratique déjà existante au Japon comme à
l’étranger sur des installations nucléaires en activité.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a aussi soutenu cette option. Son directeur général, Rafael Grossi, s’est «réjoui» hier de la décision du Japon, déclarant que l’AIEA était prête à lui fournir un soutien technique.

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