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vendredi 29 mars 2024

Iran: Téhéran souligne «l’isolement» de Washington après son annonce d’un retour des sanctions

L’Iran a relevé hier «l’isolement» des États-Unis après leur proclamation unilatérale d’un retour des sanctions de l’ONU contre Téhéran et la promesse de punir ceux qui les violent, une démarche américaine rejetée par Moscou et par les pays européens parties prenantes de l’accord sur le nucléaire.

Par Rosa C.

Les États-Unis ont proclamé, dans la nuit de samedi à hier, que les sanctions des Nations unies contre l’Iran étaient de nouveau en vigueur, même s’ils sont quasiment les seuls au monde à estimer qu’elles le sont.
«Aujourd’hui, les États-Unis saluent le retour de quasiment toutes les sanctions de l’ONU contre la République islamique d’Iran auparavant levées, qui sont à nouveau en vigueur depuis hier 00h00 GMT», a annoncé le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo.
«Le monde entier dit que rien ne s’est passé. Cela s’est simplement passé dans le monde imaginaire de M. Pompeo», a réagi Saeed Khatibzadeh, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse hier.
Estimant que Washington était «isolé et du mauvais côté de l’histoire», M. Khatibzadeh a suggéré aux États-Unis de «retourner au sein de la communauté internationale, de (respecter) leurs engagements, d’arrêter de se rebeller et le monde les acceptera».
Le geste de défi des Américains au reste du monde risque d’accroître les tensions internationales, surtout que le gouvernement de Donald Trump menace clairement de mettre en place un système de sanctions dites secondaires pour punir tout pays ou entité qui violerait ces sanctions.
«Si des États membres de l’ONU ne remplissent pas leurs obligations pour appliquer ces sanctions, les États-Unis sont prêts à utiliser leurs propres outils pour punir ces défaillances», a prévenu M. Pompeo. Il a promis que des «mesures» américaines seraient annoncées contre «ceux qui violent les sanctions de l’ONU».
A six semaines de l’élection présidentielle où il brigue un second mandat, M. Trump pourrait dévoiler ces mesures lors de son discours mardi à l’Assemblée générale de l’ONU.
Washington est quasiment seul et contre tous : les autres grandes puissances, la Russie, la Chine mais aussi les alliés européens des Américains, contestent cette décision basée sur une manœuvre juridique, le «snapback».
Le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé hier matin une initiative américaine «illégitime» ne pouvant avoir «de conséquences légales internationales». Les chefs de la diplomatie française, allemande et britannique ont affirmé, dans une déclaration commune, que cette initiative américaine était «sans effet en droit».
«Nous avions tous clairement dit en août que cette manœuvre était illégitime. Est-ce que Washington est sourd ?», a tweeté Dmitri Polianski, ambassadeur adjoint russe aux Nations unies.
«Il est très douloureux de voir un grand pays s’humilier ainsi et s’opposer dans son délire obstiné aux autres membres du Conseil de sécurité de l’ONU», a-t-il ajouté.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a prévenu dans un communiqué que «si les États-Unis mettent en œuvre leurs menaces, directement ou via la coopération de certains de leurs alliés (…), ils seront responsables de toutes les conséquences dangereuses».
Pour comprendre ce face-à-face spectaculaire entre la première puissance mondiale et le reste de la planète, il faut revenir un mois en arrière. Le gouvernement Trump essuie mi-août un revers retentissant au Conseil de sécurité dans sa tentative de prolonger l’embargo sur les armes conventionnelles visant Téhéran, qui expire en octobre.
Accusant dans une attaque d’une rare violence Paris, Londres et Berlin d’avoir «choisi de s’aligner sur les ayatollahs» au pouvoir dans la République islamique, Mike Pompeo déclenche le 20 août la procédure de «snapback», censée rétablir un mois plus tard toutes les sanctions onusiennes contre l’Iran.
Ces sanctions ont été levées en vertu de l’accord international conclu en 2015, lorsque Téhéran s’est engagé à ne pas se doter de l’arme nucléaire.
Or le président Trump, jugeant insuffisant ce texte négocié par son prédécesseur Barack Obama, en a retiré avec fracas en 2018 les États-Unis, qui ont dans la foulée rétabli voire durci leurs propres sanctions bilatérales.

R. C.

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