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jeudi 28 mars 2024

Iran: Téhéran a repris la production d’uranium enrichi à 20 %

L’Iran a repris l’enrichissement de l’uranium à hauteur de 20 % et annonce que sa production est désormais «stable» depuis les premières heures d’hier, dans ce qui constitue le plus spectaculaire de ses désengagements en matière nucléaire. L’Iran avait annoncé lundi avoir enclenché le processus destiné à produire de l’uranium enrichi à 20 % dans son usine souterraine de Fordo, à 180 km au sud de Téhéran. Cette décision va à l’encontre des engagements pris, par la République islamique devant la communauté internationale, dans l’accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015. Les cascades de centrifugeuses mises en route pour augmenter la teneur de l’uranium en isotope 235 sont rapidement montées en puissance. «A environ 7 heures du soir (15h30 GMT lundi), nous avons atteint 20 %», a déclaré le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi, dans un entretien diffusé peu avant minuit par la télévision d’Etat. A partir du milieu de la nuit, a ajouté M. Kamalvandi, la production d’uranium enrichi à 20 % «devrait devenir totalement stable, ce qui veut dire que nous injectons à l’entrée [des cascades de centrifugeuses de l’uranium enrichi à 4 %] et que nous obtenons 20 % à la sortie». Le porte-parole a par ailleurs indiqué que l’OIEA mettait en œuvre une loi récente votée par le Parlement, enjoignant le gouvernement à reprendre immédiatement la production d’uranium enrichi à hauteur de 20 % de façon à en produire 120 kg par an. Le gouvernement du Président Hassan Rohani, qui fait figure de modéré, s’était opposé à cette loi, mais avait dit qu’il n’aurait d’autre choix que de l’appliquer si elle devait entrer en vigueur. Devant le refus de M. Rohani de la promulguer, Mohammad-Bagher Ghalibaf, le président du Parlement (tenu depuis février par les conservateurs), s’est saisi rapidement du texte de loi et l’a publié au Journal officiel, comme le permet la législation iranienne. Le gouvernement estime que la loi va à l’encontre des efforts diplomatiques destinés à obtenir la levée des sanctions américaines contre l’Iran à la faveur de la prochaine arrivée à la Maison-Blanche de Joe Biden. Celui-ci a signalé son intention de revenir sur la politique de «pression maximale» contre l’Iran menée par le président sortant Donald Trump, qui a retiré son pays de l’accord de Vienne en mai 2018, réimposant de lourdes sanctions contre la République islamique. En riposte, l’Iran s’est affranchi, à partir de mai 2019, de la plupart de ses engagements-clés pris à Vienne. Mais la République islamique affirme que ces mesures prises à rebours de ses engagements sont réversibles, et qu’elles sont prises dans le cadre de dispositions prévues par l’accord de Vienne en cas de manquement des autres parties à leurs engagements. «Nos actions correctives ont été prises conformément à l’article 36 de l’accord, après des années de non-respect du pacte par ses participants. Nos mesures restent réversibles si toutes les parties à l’accord s’y conforment à nouveau», a fait valoir lundi Mohammad Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne.  

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