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mercredi 29 mars 2023

Iran puissance nucléaire sans la bombe

 

Un haut responsable du département américain de la Défense, un certain Colin Kahl, a tenu récemment devant des représentants américains qui l’auditionnaient des propos qui à tout le moins ne sont pas passés inaperçus. Il faut dire qu’ils étaient faits pour susciter aussi bien l’intérêt des médias que celui du grand public. En 2018, plus exactement le 8 mai 2018, encore que lui-même n’ait pas été aussi précis, l’Iran, a-t-il dit, pouvait fabriquer une arme nucléaire en 12 mois ; aujourd’hui, le même Iran peut le faire en 12 jours seulement. A noter tout d’abord que s’il était bien vrai qu’en 2018, il ne restait que 12 mois à l’Iran pour se doter de l’arme nucléaire, il en disposerait aujourd’hui, et plutôt de plusieurs que d’une, puisque depuis cette date, ce n’est pas une année qui s’est écoulée mais plus de quatre. Il ne faut donc pas le prendre au mot quand il affirme que désormais dans moins de deux semaines l’Iran peut devenir une puissance nucléaire. Ce chiffre de 12 est en quelque sorte métaphorique. Il est là pour faire image, pour marquer les esprits, pour montrer combien l’Iran a avancé vers son objectif supposé depuis que le retrait américain du deal sur son programme nucléaire a tué celui-ci, ce qui lui a permis notamment de reprendre à plus grande échelle l’enrichissement de l’uranium au taux requis pour la fabrication de l’arme nucléaire. Aujourd’hui, il disposerait de la quantité nécessaire pour ce faire, en plus des autres moyens, de sorte que c’est en jours désormais qu’il convient de mesurer la distance qui l’en sépare. Dire de quelque chose que ce n’est plus désormais qu’une affaire de jours, c’est dire en f ait que toutes les conditions de sa production effective sont réunies, et que ce dernier pas n’est plus tributaire que d’une décision politique, qui par définition peut être prise à tout moment à compter d’aujourd’hui — c’est-à-dire du moment où le responsable américain faisait cette déclaration. Colin Khal appartient à l’administration Biden, qui elle, contrairement à la précédente, qui avait pris la responsabilité de se retirer en 2018 du deal sur le programme nucléaire iranien, aurait voulu réintégrer cet accord, ce qu’elle n’est pas parvenue à faire jusqu’à présent. Pour l’heure, les négociations visant à relancer cet accord sont à l’arrêt, sous leur forme visible en tout cas, car il s’en trouve pour soutenir qu’en réalité elles n’ont jamais cessé, qu’elles continuent dans l’ombre. Mais ce n’est pas là le plus important. Même si l’accord était resté en vigueur, le plus probable est que Kahl ou quelqu’un d’autre aurait quand même pu dire ce que lui-même a déclaré devant des représentants américains. L’Iran étant signataire du Traité de non-prolifération nucléaire, il n’entre pas dans ses intentions de fabriquer la bombe. Il aurait commencé par se retirer de ce traité si tel était son objectif. Ce qu’il voulait en revanche, et de cela rien n’aurait pu le détourner, c’est acquérir le savoir scientifique, le savoir-faire technique et les moyens matériels adéquats pour être en capacité d’en produire une rapidement dans le cas d’une menace existentielle extérieure. C’est d’ailleurs ainsi que semble l’entendre le responsable américain lui-même, lorsqu’il dit que les Iraniens peuvent fabriquer la bombe dans 12 jours. Il n’a pas dit en effet qu’ils allaient s’y mettre réellement, car au vu du peu de temps qui les en séparerait selon ses propres estimations, la bombe serait déjà une quasi-réalité. Lui-même ne serait pas allé en parler devant des représentants américains. Il serait quelque part à son poste impliqué dans une entreprise guerrière visant à empêcher à tout prix que cette bombe voie le jour.

 

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