Ils ont attendu le dernier moment. Le conservateur modéré Ali Larijani et l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi, se sont lancés, hier, dans la bataille pour la présidentielle iranienne de juin, qui semble désormais bien partie pour se réduire à un duel entre eux. Président du Parlement de 2008 à 2020, M. Larijani, aujourd’hui conseiller du guide suprême Ali Khamenei, est entré en lice en se rendant en début de matinée au ministère de l’Intérieur pour déposer son dossier, au dernier jour de la période d’enregistrement des candidats. M. Raïssi, chef de l’Autorité judiciaire depuis mars 2019, a annoncé la sienne dans un communiqué avant de se présenter au ministère à la mi-journée. Ira, ira pas ? Depuis plusieurs semaines, les proches des deux sexagénaires laissaient entendre que ni l’un ni l’autre ne souhaitaient relever le gant. Plus vraisemblablement, chacun a soigneusement préparé le terrain, comptant ses soutiens et s’assurant qu’aucune candidature de poids susceptible d’occuper la même tranche du spectre politique iranien qu’eux ne vienne leur compliquer la tâche.
Compte tenu de leur proximité avec l’ayatollah Khamenei, la validation de la candidature des deux hommes par le Conseil des Gardiens, organe non élu chargé de dire qui peut concourir à l’élection, ne fait aucun doute.
A l’inverse, la presse iranienne estime que l’ex-président Mahmoud Ahmadinehjad, ultraconservateur et populiste, devrait être disqualifié, comme en 2017, et que la plupart des candidats réformateurs ne devraient passer la barre des Gardiens. Cela laisserait du champ à MM. Larijani sur sa gauche et à M. Raïssi sur sa droite. Tous deux ont déjà participé à une présidentielle : le premier en 2005, le second en 2017.
Les autres candidats qui pourraient être autorisés à se présenter ne semblent pas en mesure, à l’heure actuelle, de pouvoir leur faire de l’ombre et plusieurs pourraient même se rallier à l’un ou l’autre.