Dans cette présidentielle française, la particularité aura définitivement été de voir les candidats attaquer inlassablement leurs adversaires du même bloc idéologique, espérant ainsi aspirer leurs voix au premier tour du scrutin le 10 avril prochain. Les candidats de gauche et d’extrême-gauche n’ont ainsi eu de cesse de se tirer dans les pattes ces dernières semaines pour espérer bénéficier de leurs électeurs. Mais rien de comparable toutefois au jeu de massacre auquel s’adonne le camp «national» et la droite depuis des mois maintenant. Les attaques se font violentes et les loyautés changent souvent d’un groupe à un autre. Aujourd’hui, se sont Marion Maréchal Le Pen et Robert Ménard qui s’écharpent par médias interposés. L’ancienne députée et le maire de Béziers s’invectivent ainsi depuis plusieurs jours autour de la question de l’accueil des réfugiés. La question de l’accueil des réfugiés ukrainiens continue de diviser le camp nationaliste. Voilà quelques jours que Marion Maréchal et Robert Ménard s’attaquent violemment. Le 13 mars dernier, celle qui a récemment rallié Éric Zemmour réagissait aux propos du maire de Béziers. Ce dernier déclarait regretter ne pas avoir accueilli de migrants syriens. «J’ai dit, écrit, publié à Béziers un certain nombre de choses au moment des combats en Syrie et en Irak et de l’arrivée des migrants chez nous que je regrette, que j’ai honte d’avoir dit et faites, parce que ce n’était pas bien», avait-il en effet affirmé. «Il ira dire ça aux morts et aux mutilés à vie, victimes du Bataclan», avait alors rétorqué Marion Maréchal. «C’est parce qu’il y a eu un véritable laxisme dans l’accueil de ces réfugiés ou pseudo-réfugiés syriens, qu’on en est arrivé à cette situation et au drame qui a frappé la France. Donc je ne partage pas du tout cette analyse». «Quelqu’un qui se présente comme une catho devrait faire preuve de bienveillance et de charité», a fustigé à son tour Robert Ménard. «Elle a eu des mots envers les réfugiés d’une dureté incroyable. Et elle ne manque pas de toupet, quand même ! (…) Elle ne sait pas de quoi elle parle, elle devrait prendre cinq minutes pour quitter les bancs de son école. Elle se prend pour une géopoliticienne, qu’elle soit un brin plus modeste». Interrogée plus tard à ce sujet, Marion Maréchal a balayé ces «attaques personnelles». «Il était ignoble (…) Il tombe dans l’invective, l’insulte, le mépris, la condescendance. C’est dommage, j’aurais voulu qu’il réponde sur le fond». La nièce de Marine Le Pen a en effet considéré le parallèle entre les réfugiés ukrainiens et les réfugiés syriens «impropre». Avant de lancer une dernière pique : «Il change d’avis sur tout en permanence. Il a beaucoup de sympathie pour Emmanuel Macron, ces deniers temps». Robert Ménard qui était pourtant dans le camp de la droite radicale, semble ainsi avoir beaucoup adouci son discours et se montre en effet très ambivalent vis-à-vis du président français. Reste à que ces disputes ne font rien pour élever le niveau du débat et qu’au final les électeurs risquent de se détourner de candidats dont les équipes semblent plus intéressées par l’invective que par le débat de fond. Et si à gauche l’invective est moins virulente, le ton monte entre les équipes de Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France Insoumise, et de Fabien Roussel, candidat communiste, promettant deux dernières semaines de campagne mouvementées.