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dimanche 4 juin 2023

Invasion

Finalement, personne ne se serait douté que les destins des ex-présidents américain et brésilien, Donald Trump et Jair Bolsonaro, que les médias aimaient tant comparer, seraient si étrangement similaires. L’ancien chef d’État sud-américain est en effet accusé d’avoir, tout comme l’ancien président des États-Unis, incité ses partisans à la violence et à l’insurrection. Bolsonaro, dont des proches ont déjà été mis en cause, est désormais lui-même directement visé par la justice pour son rôle dans le saccage d’institutions nationales à Brasilia. Le juge de la Cour suprême, Alexandre de Moraes, a annoncé vendredi qu’il incluait, comme le demandait le parquet général, l’ancien chef d’État dans son enquête visant à découvrir les éventuels instigateurs des violences du 8 janvier dans la capitale brésilienne. Jair Bolsonaro, battu de justesse par le candidat de gauche Luiz Inacio Lula da Silva à la présidentielle d’octobre, «a effectué une incitation publique à l’exécution d’un crime» en diffusant sur les réseaux sociaux une vidéo «mettant en cause la régularité de l’élection présidentielle de 2022», avait expliqué le parquet dans un communiqué. Cette vidéo a été publiée deux jours après l’invasion du siège de la Présidence, du Congrès et de la Cour suprême par des milliers de bolsonaristes, puis effacée, a rappelé le parquet. Mais elle pourrait, selon lui, apporter «un lien de preuve» justifiant «une enquête globale sur les actes effectués avant et après le 8 janvier 2023» par Jair Bolsonaro. L’ancien président «n’a jamais eu le moindre lien ou participation avec ces mouvements», ont affirmé ses avocats dans un communiqué, en attribuant les violences de Brasilia à des éléments «infiltrés». L’ouverture d’une enquête visant Jair Bolsonaro suit une autre révélation déjà liée au remake de l’assaut du Capitole américain le 6 janvier 2021, et qui met en cause l’ex-ministre de la Justice, Anderson Torres, chez qui a été retrouvé un projet de décret qui aurait pu permettre l’annulation de l’élection de Lula à la présidence. Ce document très compromettant, révélé jeudi soir par le quotidien «Folha de S. Paulo», a été trouvé lors de perquisitions au domicile de cet ancien ministre, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour «collusion» présumée avec les auteurs des violences de Brasilia. «Nous allons attendre qu’il se présente jusqu’à lundi. Si ce n’est pas le cas, nous lancerons la semaine prochaine la procédure de demande d’extradition», a annoncé vendredi Flavio Dino, ministre de la Justice de Lula, en fonction depuis le 1er janvier. Torres n’a cessé de clamer son innocence. Le document de trois pages trouvé chez lui prévoyait que le gouvernement fédéral prenne le contrôle du Tribunal supérieur électoral (TSE), qui veille à la bonne marche du scrutin, «pour assurer la préservation et le rétablissement de la transparence, et approuver la régularité du processus électoral de la présidentielle de 2022». Dans la pratique, l’intention aurait été d’annuler l’élection de Lula. Le décret présidentiel, qui n’a jamais vu le jour, prévoyait la création d’une «commission de régulation électorale» pour remplacer le TSE, avec à sa tête une majorité de membres issus du ministère de la Défense (8 sur 17). Le document n’est pas daté, mais le nom de Jair Bolsonaro se trouve à la fin, sur un espace prévu pour sa signature. Ainsi, il semblerait que les deux présidents conservateurs, Trump et Bolsonaro, qui ont une vision similaire sur de nombreux points, qui ont dirigé leur pays pendant quelques années en parallèle devront aujourd’hui affronter la justice de leur pays pour des faits quasi identiques. Reste à voir si les deux ex-dirigeants seront également condamnés de la même manière, s’ils réussiront à trouver une échappatoire, ou si l’un d’entre eux connaîtra un destin plus tragique que celui de son ancien homologue.

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