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vendredi 19 avril 2024

Intérêts

Le moins que l’on puisse dire concernant le Qataris est qu’ils ont le cuir dur. Le petit émirat gazier qui investit des milliards de dollars dans de nombreuses nations occidentales est accusé, depuis plus de dix ans déjà, de distribuer son argent pour s’acheter la clémence des puissances mondiales, surtout depuis sa désignation pour organiser la Coupe du monde de football qui a touché à sa fin hier. Mais aujourd’hui, les accusations se font plus directes et des preuves incontournables ont été dévoilées la semaine dernière qui indiquent la profondeur de la corruption exercée par les Qataris au sein de l’Union européenne. Mais du côté de Doha, l’on refuse d’admettre les faits et l’on contre-attaque. Alors que les eurodéputés ont voté à la quasi-unanimité un texte dans lequel ils demandent «instamment la suspension des titres d’accès des représentants d’intérêts qataris» le temps de l’enquête, la décision revient à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, Doha met en garde : «La décision d’imposer au Qatar une restriction aussi discriminatoire, limitant le dialogue et la coopération avant la fin de la procédure judiciaire, aura un effet négatif sur la coopération régionale et mondiale en matière de sécurité, ainsi que sur les discussions en cours sur la rareté et la sécurité énergétique mondiale», a réagi hier un diplomate qatari. Le Qatar, qui «rejette fermement» les accusations à son encontre, regrette «les jugements fondés sur les informations inexactes révélées par des fuites», a-t-il affirmé dans un communiqué. L’ouverture d’une enquête visant notamment l’eurodéputée grecque Eva Kaili, soupçonnée d’avoir été payée par le Qatar pour défendre les intérêts du pays qui a accueilli durant trente jours sur son sol le Mondial de football, a ébranlé l’institution. Alors qu’il n’est pas le seul pays cité dans l’enquête ouverte par la Belgique, les critiques et les attaques ciblent «exclusivement» le Qatar, a-t-il estimé. Le riche État gazier a dénoncé le manque de coopération du gouvernement belge dont il est un partenaire «proche» et «un important fournisseur» de gaz naturel liquéfié au monde. Mais il semblerait que cette fois-ci les Européens ne puissent fermer les yeux sur les pratiques qataries qui ont été exposées au grand jour et qui embarrassent tous les acteurs de ce scandale. Reste à voir, toutefois, jusqu’où ira Bruxelles pour assainir ses relations avec Doha et si elle prendra le risque de perdre l’un des investisseurs étrangers les plus généreux en Europe.

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