Une guerre culturelle est-elle insidieusement menée par la Chine sur l’Occident, et plus particulièrement sur les États-Unis, à travers son application TikTok ? C’est du moins une théorie qui est de plus en plus prise au sérieux au plus haut niveau de l’État américain qui interdit désormais aux agences fédérales d’avoir TikTok dans leurs appareils, l’application étant également accusée de donner accès aux données de centaines de millions d’utilisateurs. Une mesure qui devra être appliquée sous 30 jours. Cette interdiction au sein du gouvernement fédéral américain survient après des décisions similaires de la Commission européenne et du Canada. Les agences fédérales américaines devront ainsi s’assurer que leurs appareils ne sont plus dotés de l’application de vidéos TikTok sous 30 jours, a ordonné lundi le Bureau de la gestion et du budget à la Maison-Blanche (OMB). Détenue par l’entreprise chinoise ByteDance, TikTok a été prise pour cible par les législateurs américains qui considèrent l’application comme une menace à la sécurité nationale, et avaient interdit son usage sur les appareils des fonctionnaires dans une loi votée fin décembre. L’ordre de l’OMB est pris en application de cette loi, ratifiée début janvier par le président Joe Biden. Dans un mémorandum, la directrice de ce bureau, Shalanda Young, a demandé aux agences gouvernementales de «supprimer et d’interdire les installations de l’application sur les appareils leur appartenant ou gérés par elles, et d’interdire le trafic Internet depuis ces appareils vers l’application». L’ultrapopulaire plateforme de vidéos courtes et virales, propriété de l’entreprise chinoise ByteDance, est de plus en plus scrutée par les Occidentaux qui craignent que Pékin puisse ainsi accéder aux données d’utilisateurs du monde entier. Cette interdiction au sein du gouvernement fédéral américain survient quelques jours après une décision similaire de la Commission européenne, qui a interdit TikTok à son personnel pour «protéger» l’institution. Le gouvernement du Canada a lui aussi annoncé lundi qu’il allait bannir TikTok des appareils mobiles qu’il fournit à son personnel à compter de cette semaine, évoquant «un niveau de risque inacceptable pour la vie privée et la sécurité». TikTok fait déjà partie des applications chinoises interdites en Inde depuis 2020. Avec plus d’un milliard d’utilisateurs actifs dans le monde, TikTok pointe à la sixième place des plateformes sociales les plus utilisées, selon le dernier rapport de We Are Social sur l’évolution du numérique, publié en janvier. TikTok avait reconnu en novembre que certains employés en Chine pouvaient accéder aux données d’utilisateurs européens, et avait admis en décembre que des employés avaient utilisé ces données pour traquer des journalistes. Mais le groupe nie tout contrôle ou accès du gouvernement chinois à ces données. Toutefois, l’on se souvient que Donald Trump avait été l’un des premiers responsables politique à accuser TikTok d’être un outil d’espionnage pour les services de renseignement chinois, en plus d’être une arme de guerre culturelle utilisée par Pékin. Il avait, à l’époque, était moqué par ses adversaires politiques. Il avait même tenté, quelques mois avant la fin de son mandat à la Maison-Blanche, de faire interdire l’application sur le sol américain, mais avait été courcircuiter par sa défaite à l’élection présidentielle en 2020. Reste à voir si cette fois-ci les Occidentaux continueront à lutter contre TikTok qui est prisée par des centaines de millions d’utilisateurs en Europe et en Amérique du Nord, avec surtout une population adolescente occidentale qui est aujourd’hui accro à l’application chinoise.