Institution consultative, le CNESE (Conseil national, économique, social et environnemental) est remis aux devants de la scène, conforté dans ses missions par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, qui a présidé la cérémonie d’installation des nouveaux membres de cette institution, ce lundi au Palais des nations.
Par Karim A.
La symbolique est importante puisque la présence de Tebboune indique une relance voire une réhabilitation de cet outil de veille stratégique, longtemps mis en veilleuse ou carrément marginalisé. La cérémonie qui a réuni tout le gouvernement ainsi que les plus hautes personnalités du pays a été l’occasion pour Tebboune de rappeler le rôle et les objectifs attendus des activités du CNESE qui s’est enrichi de la mission environnementale. Mais pas seulement, puisque la réforme de la Constitution de 2020 a constitutionnalisé cette institution, comme le rappelle Tebboune qui ajoute que cette démarche entre dans le cadre des « réformes globales engagées dans toutes les institutions du pays à l’instar de ce qui est prévu au niveau de la Cour constitutionnelle, l’Observatoire national de la société civile ainsi que le Haut conseil de la jeunesse ». Tout le monde l’aura compris. Le CNESE compte désormais sur la couverture du président de la République qui tient à en faire « un outil stratégique servant de guide en matière de prise de décision pour tous les intervenants. Ses rapports et études seront nécessaires pour une meilleure visibilité tant au niveau économique que social. Ce qui peut aussi nous permettre de lutter contre les gaspillages… » L’économie algérienne doit muter, impérativement vers un système de production et de création de richesse. C’est dans cet objectif que le CNESE pourrait s’avérer un espace de concertation et de débats et non de confrontation aussi bien avec le gouvernement qu’avec d’autres acteurs de la société civile ou des partenaires sociaux. Le président Tebboune place cette institution comme force de proposition et d’orientation dont l’action pourrait favoriser l’apaisement du climat social. Le CNESE peut également selon Tebboune procéder à des évaluations sur les politiques publiques et les démarches sectorielles. Un rôle de médiateur et de facilitateur entre les centres de décisions et les opérateurs figure aussi dans les compétences de cette institution qui compte 200 membres, des universitaires, chercheurs et experts parmi lesquels on compte pas moins de 76 femmes et des Algériens activant à l’étranger. Le président Tebboune inscrit la relance du CNESE au chapitre du soutien des engagements pris envers les Algériens dans le sens de l’amélioration du cadre de vie et du développement. Faisant un état des lieux sur les dysfonctionnements observés, Tebboune rappelle que « nous n’avons pas d’économie. Nous avons une économie sous développée bâtie sur la rente pétrolière et les importations. Tous les secteurs sont déstructurés. » Il fait remarquer par contre que les chutes des cours du pétrole « nous ont permis de faire des efforts. Preuve en est nous avons réussi à équilibrer nos comptes. Sans puiser dans nos réserves de change nous sommes parvenus à financer nos besoins grâce à nos recettes d’exportations. » Il rappellera que de plus de 60 milliards de dollars de facture d’importation nous sommes passés à 30 milliards de dollars avec satisfaction pleine et entière « de nos besoins ». L’économie algérienne doit se libérer des hydrocarbures et que cesse ce « slogan qui dure depuis toujours » lance Tebboune qui évoque les dégâts nés de la pseudo industrie automobile. » Pas moins de 3, 2 milliards de dollars sont partis en fumée dans cette affaire de montage de roues » lance le président qui appelle à l’émergence d’une véritable économie. » La solution est chez nos ressources humaines. Elle n’est pas à importer » soutient le chef de l’Etat. Dans le paysage économique national le privé jouit de 85 pour cent de parts de marchés nous apprend Tebboune qui fait néanmoins remarquer que » le privé doit être maître de ses décisions. Il sera soutenu dans les efforts d’investissements utiles. Ces privés qui évoluent depuis des années comptent malheureusement sur les fonds publics dans leurs affaires. Difficile d’admettre qu’ils n’aient pas constitué suffisamment de ressources pour financer sur fonds propres leurs projets ». Un constat objectif sur ces opérateurs versés dans l’assistanat et la revendication. Par contre ajoute le chef de l’Etat, je comprends « parfaitement les opérateurs qui se plaignent de la bureaucratie et de l’immobilisme de l’administration ». Dans bien des cas, cette bureaucratie participe d’une entreprise de sabotage qui consiste à compromettre tous les projets de développement. Enfin, en matière de chiffres, Tebboune révèle que malgré l’imprécision des données en raison de la complexité de la lecture « on a estimé à quelques 90 milliards de dollars l’étendu du marché parallèle ».
Il appelle les experts à tenter de capter ces fonds via des mécanismes adéquats. Encore une fois, Tebboune exclue le recours à l’endettement extérieur et ce conforté qu’il est par l’équilibre de la balance des paiements et la prouesse réalisée au volet des exportations hors hydrocarbures avec ce chiffre inédit de 3,1 milliards de dollars jusqu’à ce jour. L’objectif étant de 4,5 milliards d’ici la fin d’année. Et si l’Algérie devait contracter une dette, elle le fera en interne puisque la ressource existe dans les circuits informels. C’est ainsi que Tebboune préconise de lancer une réflexion dans ce sens afin d’optimiser les atouts d’un nouveau départ économique. Le CNESE que préside Reda Tir aura d’ores et déjà à ouvrir les chantiers.
K. A.