Le 24 mars 2016, les Écossais votaient à une large majorité contre l’indépendance de leur pays qui leur était proposée via référendum. Une décision que beaucoup d’Écossais semblent aujourd’hui regretter après que le Royaume-Uni, dont ils font toujours partie, a quitté l’Union européenne en 2019. Aujourd’hui plus que jamais, le gouvernement écossais, farouchement indépendantiste, veut organiser un nouveau référendum alors même que le gouvernement britannique s’y oppose. La Premier ministre écossaise, Nicola Sturgeon, qui tente de forcer la main depuis juin aux dirigeants britanniques, veut organiser un nouveau dans le courant de l’année 2023. La Cour suprême britannique a ainsi commencé à étudier la semaine dernière la demande du gouvernement écossais d’organiser un nouveau référendum d’indépendance, sans l’accord de Londres, qui estime qu’un tel scrutin ne peut avoir lieu qu’une fois par génération. Anticipant un bras de fer judiciaire avec le gouvernement à Londres, Sturgeon avait pris les devants en saisissant la Cour suprême pour que celle-ci détermine si le Parlement écossais avait le pouvoir de légiférer sur la question sans l’accord du gouvernement britannique. «Si Londres avait le moindre respect pour la démocratie écossaise, ce passage devant la cour ne serait pas nécessaire», a lâché Nicola Sturgeon il y a quelques jours pendant le congrès de son parti. «La question a toujours été vouée à finir devant les tribunaux, tôt ou tard, et mieux vaut tôt», a-t-elle ajouté, répétant que si la Cour suprême lui donnait raison, le référendum «consultatif» d’indépendance aurait lieu le 19 octobre 2023. «L’Écosse devrait-elle être un pays indépendant ?», souhaite-t-elle demander aux Écossais qui sont, selon les sondages, encore très divisés sur la question. Déjà consultés sur le sujet en 2014, ils avaient voté à 55 % pour rester au sein du Royaume-Uni. Mais les indépendantistes estiment que le Brexit a changé la donne, les Écossais s’y étant opposés à 62 %, et souhaitent que l’Écosse rejoigne l’Union européenne en tant qu’État indépendant. S’appuyant sur le premier référendum, l’ancien Chef du gouvernement britannique, Boris Johnson, avait balayé la perspective d’un nouveau plébiscite. La nouvelle Première ministre britannique, Liz Truss, s’est montrée très ferme, assurant qu’elle «n’autoriserait pas un référendum». «Je suis très claire sur le fait qu’il ne devrait pas y avoir d’autre référendum avant la prochaine génération», a-t-elle déclaré. Réagissant à cette audience, un porte-parole du gouvernement a jugé que la population écossaise préférait que les gouvernements britannique et écossais travaillent ensemble sur les problèmes qui les affectent au lieu de se concentrer sur un nouveau référendum. Le SNP (Scottish National Party) a remporté les élections locales en 2021 en promettant la tenue d’un nouveau référendum après la pandémie, arguant que «le droit à l’autodétermination est un droit fondamental et inaliénable». Edimbourg veut pouvoir s’affranchir du gouvernement central et créer son propre cadre législatif pour un référendum, mais Londres s’y oppose en soutenant que l’Écosse ne peut pas décider de manière unilatérale d’un sujet comme celui de l’union du Royaume-Uni. S’il avait lieu, un tel référendum serait par ailleurs uniquement «consultatif» et Londres devrait encore donner son accord pour une indépendance de la nation écossaise. Les Ecossais attendront peut-être de voir quels effets le Brexit aura sur le long terme sur le Royaume-Uni pour se tourner vers une solution définitive que l’indépendance. Car si les séparatistes espèrent visiblement survivre en se jetant dans les bras de l’UE, ils pourraient être bien déçus de constater que Bruxelles risque de montrer plus d’ingérence dans leurs affaires que Londres.