Peut-être que si le Rassemblement National n’avait pas connu une «déroute» lors des élections régionales et départementales de juin dernier, la direction de Les Républicains aurait été moins sévère avec Guillaume Peltier qui a laissé entendre en mai dernier qu’un rapprochement LR-RN serait bénéfique pour son parti. Aujourd’hui, fort de la victoire de son mouvement et excédé par les prises de position personnelles de Peltier, Christian Jacob, président de Les Républicains, a décidé de changer de numéro deux. Un poste stratégique en cas de démission ou de vacance de la présidence du parti. Après ses multiples déclarations controversées au «Grand Jury» RTL-Le Figaro-LCI, le 30 mai dernier, en pleine campagne des départementales et des régionales, le vice-président des Républicains s’était attiré les foudres de la direction, des parlementaires comme des militants. Guillaume Peltier s’était prononcé pour «une Cour de sûreté de la République» pouvant placer en détention des personnes fichées pour des soupçons de radicalisation terroriste, sur la base d’un «faisceau de soupçons avérés et concrets» et sans possibilité de faire appel. Le numéro deux des Républicains s’était aussi dit pour «échanger, discuter, travailler avec Robert Ménard», le maire de Béziers, non encarté mais proche de Marine Le Pen. Ces deux positions n’avaient pas fait l’objet d’une délibération collective. «Ses déclarations nous ont fragilisés et je ne les partage pas», avait réagi Christian Jacob dans une interview au «Figaro». «Quand on est numéro deux du parti, on ne tient pas ce genre de propos qui n’ont fait l’objet d’aucune validation par les instances», avait abondé le président du Sénat, Gérard Larcher. Ces prises de parole de Guillaume Peltier se sont ajoutées à d’autres propositions jugées «loufoques» par les parlementaires LR, comme la hausse du smic de 20 %. De plus en plus isolé au sein du parti, Guillaume Peltier s’est prononcé dans «Le Parisien» en faveur du soutien à Xavier Bertrand et contre la primaire. Désormais, la place de numéro deux des Républicains revient à Annie Genevard, ancienne secrétaire générale du parti après la désignation de François Fillon à la primaire, et actuelle vice-présidente de l’Assemblée nationale. La députée LR du Doubs, qui avait condamné la «sortie de piste» de Guillaume Peltier, entend bien jouer collectif. Reste à voir si Peltier, qui s’est ouvertement dit proche des idées et positions du Rassemblement National, ira jusqu’à franchir le pas et rejoindre le parti de Marine Le Pen, ou si malgré l’humiliation de sa rétrogradation il continuera à être loyal à son mouvement, alors que la présidentielle n’est pas loin.