Une croissance qui recule pour atteindre des taux négatifs, beaucoup d’entreprises sont en difficulté et d’autres ont baissé carrément le rideau, une machine productive à l’arrêt, … C’est le constat alarmant de l’analyste économique Mahfoudh Kaoubi qui appelle à «revenir à un financement par le budget d’investissement» pour remettre la machine sur les rails.
Par Louisa Ait Ramdane
La situation économique se caractérise par un inquiétant immobilisme. Beaucoup d’entreprises souffrent de cette situation, dont certaines ont même déposé leurs bilans, précise l’analyste économique Mahfoud Kaoubi. Il constate que «le niveau d’activité de certaines est très faible. Ce qui se traduit par des licenciements ou un gel de recrutement». En finalité, a-t-il dit, nous avons une croissance qui est pratiquement dans un état statique après un recul très sensible en 2020, avec un taux de -6,5 %, sous l’effet des problèmes d’approvisionnement manifestes.
Invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, l’économiste a suggéré de revoir la copie de la relance économique, car, a-t-il expliqué, «au-delà des annonces et des manifestations d’intérêt matérialisées par des PV et des recommandations, des commissions, la réalité est là, l’investissement ne reprend pas». Selon lui, l’on s’attendait à ce que le gouvernement soit plus agressif via des mesures plus audacieuses et concrètes, regrettant que la «chose n’a pas été faite». «Nous voilà face à des problèmes que vivent aussi bien les entreprises que les individus», a constaté encore une fois Mahfoud Kaoubi.
Pour rattraper le retard, il a suggéré «des actions réelles, dans le sens qui profitent aux entreprises avec des créances lourdes sur l’administration et qui ne sont payées qu’au compte-gouttes». Autrement, s’est-il interrogé, «comment veut-on que ces entreprises maintiennent leurs activités ?».
L’analyste financier Mahfoud Kaoubi a estimé que la reprise de l’investissement est «le seul moyen qui permettra de redémarrer la machine économique». La problématique, selon lui, n’est autre que celle de «la difficulté du financement de l’investissement». Et manifestement, rien n’est fait ou ne sera fait pour désamorcer concrètement la relance, a-t-il admis. «Beaucoup de projets sont gelés, faute de financement, parce qu’actuellement on s’installe dans la crise du financement de l’investissement qui se pose avec acuité aussi bien pour le secteur public via le Trésor et le secteur privé par les banques», a-t-il expliqué. «Les entreprises vivent aussi une incertitude et un manque de visibilité dans la mesure où beaucoup de mesures, même de faibles impacts, n’ont pas été appliquées dans la réalité avec la sérénité et le sérieux requis», a-t-il ajouté avec regret. C’est là toute la différence qui existe entre les décisions qui sont annoncées et la réalité du terrain, a-t-il relevé. Pour conclure, l’économiste a estimé que, certes, on a perdu beaucoup de temps, parce qu’on a cru que la crise n’allait pas s’installer de la sorte sachant que cachée derrière le Covid, on attend la reprise significative des marchés pétroliers principalement et a préconisé de revenir à un schéma classique qui n’a pas été, selon lui, opérant avant : «un financement par le budget d’investissement».
L. A. R.
