Rarement les Américains, premiers alliés d’Israël, n’avaient été aussi catégoriquement du côté des Israéliens que durant le mandat de Donald Trump qui n’a jamais caché sa profonde amitié pour l’État hébreu. Les démocrates, eux, s’ils soutiennent tout autant leur allié du Proche-Orient, ont montré ces dernières années, et surtout ces derniers mois, qu’ils étaient moins enclins à abonder quoiqu’il arrive dans le sens des autorités israéliennes. Après deux jours d’échanges chaleureux en Israël, le président américain est passé vendredi côté palestinien pour faire part des aides économiques, sans toutefois annoncer une relance du processus de paix. Dans l’après-midi à Jeddah, Joe Biden a visité l’hôpital Augusta-Victoria de Jérusalem-Est, secteur palestinien de la Ville Sainte occupé par Israël, où il a annoncé une aide de 100 millions de dollars au réseau hospitalier local. Puis il a rencontré à Bethléem, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, le président palestinien Mahmoud Abbas. Joe Biden a annoncé un projet visant à faire passer à la 4G en 2023 la connexion internet sur les réseaux sans fil en Cisjordanie et à Ghaza, enclave palestinienne sous blocus israélien, où règnent respectivement la 3G et la 2G, ce qui complique la digitalisation de l’économie. Il a promis une contribution supplémentaire de 200 millions de dollars pour l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. S’il a réitéré que les conditions n’étaient pas réunies pour relancer le processus de paix israélo-palestinien, au point mort depuis 2014, il a toutefois suggéré que cette impasse ne pouvait perdurer. «Nous n’abandonnerons jamais le travail en faveur de la paix. Il doit y avoir un horizon politique que le peuple palestinien puisse au moins voir ou sentir pour l’avenir. Nous ne pouvons permettre au désespoir d’hypothéquer l’avenir», a dit Joe Biden lors d’un point de presse avec Mahmoud Abbas. Ce dernier a, lui, insisté sur des mesures politiques plutôt qu’économiques, afin de mettre un terme, selon lui, «à l’apartheid» israélien dans les Territoires palestiniens occupés. Il a aussi demandé à Joe Biden de rouvrir le consulat pour les Palestiniens à Jérusalem, fermé sous l’administration Trump, et de rendre Israël «responsable» de la mort de Shireen Abu Akleh, la journaliste américano-palestinienne tuée le 11 mai en couvrant une opération de l’armée israélienne en Cisjordanie. D’autant qu’une enquête officielle a déclaré sans ambiguïté que le tir ayant touché mortellement la journaliste venait des forces armées israéliennes. Reste à voir si le président américain sera ainsi enclin à une politique plus objective au Proche-Orient et s’il sera prêt surtout à subir l’incontournable irritation des Israéliens qui s’étaient habitués, lors du mandat de Donald Trump, à voir Washington les soutenir à 100 % même lorsqu’ils étaient visiblement en tort.