Des millions de Hongkongais peuvent, à partir de cette semaine, demander de nouveaux visas leur permettant de demeurer plus longtemps en Grande-Bretagne puis de prétendre à la naturalisation, une façon pour l’ex-puissance coloniale d’offrir une porte de sortie à ceux qui veulent échapper à la répression chinoise. Les titulaires d’un passeport britannique d’outre-mer (British National Overseas, BNO) et leurs proches étaient en mesure, depuis 17h00 (09h00 GMT) hier, de postuler en ligne pour un titre de séjour en Grande-Bretagne qui leur donnera non seulement le droit d’y vivre, mais aussi celui d’y travailler pendant cinq ans. A terme, ils pourront demander la citoyenneté. Ils
n’avaient jusqu’ici le droit de visiter le Royaume-Uni que pour six mois, sans pouvoir y travailler. Cette réforme est la réponse de Londres à la décision controversée de Pékin, l’été dernier, d’imposer à sa région semi-autonome une loi draconienne sur la sécurité nationale afin de dissuader toute forme de dissidence, après la mobilisation populaire massive de 2019. La Grande-Bretagne a accusé la Chine de renier son engagement pris avant la rétrocession de Hong Kong en 1997 de préserver les libertés et l’autonomie du territoire pendant au moins un demi-siècle. Londres a mis en avant son devoir moral de voler au secours de son ancienne colonie. «Nous honorons nos liens profonds, historiques et amicaux avec le peuple de Hong Kong, et nous défendons les libertés et l’autonomie», a affirmé cette semaine le Premier ministre, Boris Johnson, dans un communiqué. Cette réforme a provoqué l’ire de la Chine qui a annoncé qu’elle ne reconnaîtrait plus en tant que document d’identité les passeports BNO, qui sont hérités de la rétrocession. Une décision symbolique car les Honkongais utilisent généralement leur carte d’identité locale pour quitter le territoire. Mais Pékin s’est dit prêt à d’«autres mesures», faisant craindre que les autorités ne cherchent à empêcher les Hongkongais de partir. Hier, l’agence officielle Chine nouvelle a accusé Londres d’avoir une «mentalité coloniale», avertissant que ces nouvelles dispositions nuiraient aux «relations bilatérales» et aux «intérêts de la Grande-Bretagne sur le long terme». Le Bureau de liaison, qui représente le gouvernement central à Hong Kong, a fait part, hier, dans une déclaration, de sa «ferme condamnation et son opposition totale à ces mesures». On ignore combien de Hongkongais demanderont ce visa, notamment dans le contexte de la pandémie qui complique les voyages internationaux et plombe les économies, sachant que la situation sanitaire est bien meilleure à Hong Kong qu’en Grande-Bretagne. Mais c’est environ 70 % de la population hongkongaise, qui est de 7,5 millions d’habitants, qui peut prétendre à ce visa. Les demandes de passeport BNO ont augmenté de plus de 300 % depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité fin juin. On dénombrait mi-janvier 733 000 titulaires du BNO. Londres estime que 150 000 Hongkongais pourraient arriver dans les 12 prochains mois, et 322 000 sur les cinq prochaines années.