Le rejet de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne par une majorité des peuples d’Europe il y près de vingt ans a été un gros coup porté à l’égo de Recep Tayyip Erdogan. Lui qui était alors Premier ministre et avait contribué, entre autres, à l’harmonisation des lois turques avec celle de l’UE, a mal supporté le refus de plusieurs pays européens d’accepter son pays. Depuis la rancœur de celui qui est depuis devenu président de la Turquie n’a cessé de dégrader les relations, pourtant longtemps privilégiées, entre Ankara et Bruxelles. C’est donc surprenant d’entendre aujourd’hui le ministre turc de l’Industrie et des Technologies, Mustafa Varank, déclarer qu’«il est plus important que jamais pour la Turquie de se focaliser sur les travaux d’adhésion totale à l’Union européenne». Varank a participé, lundi, à la «Réunion de présentation du Programme des secteurs concurrentiels» à Ankara. Lors de son discours, Varank est revenu sur les effets de la pandémie de Covid-19. «En cette période critique, nous sommes conscients que le renforcement de nos relations avec l’UE ainsi que la nécessité de se focaliser sur les travaux pour l’adhésion totale à l’UE sont plus importants que jamais. Nous poursuivons l’harmonisation juridique et les coopérations dans les domaines économique, politique et social», a-t-il dit. Varank a affirmé que les travaux de réforme dans des domaines du droit, des droits de l’Homme et de l’économie, annoncés par le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, en sont les reflets. «Dans le cadre du processus d’harmonisation avec l’UE, nous souhaitons davantage bénéficier des outils financiers, dont l’instrument d’aide de préadhésion (IAP) et les programmes du l’Union», a-t-il souligné. Varank a noté que la Turquie co-finance ces programmes qui permettent de soutenir les travaux pré-adhésion des pays candidats, concluant : «Dans le cadre de l’IAP, nous avons fourni un soutien d’une valeur de 800 millions d’euros jusqu’à maintenant». Ainsi, après avoir montré une extrême hostilité à l’UE en ciblant particulièrement certains pays qu’Erdogan n’a pas hésité à provoquer et à menacer, tels que l’Allemagne, l’Autriche, ou encore, et surtout, la France, il semble prêt, alors que la Turquie est dans la tourmente financièrement, à tendre la main aux Européens qu’il a tant décriés cette dernière décennie. Reste à voir qu’elle sera la réaction de l’Union européenne vis-à-vis de cette volte-face, probablement inutile, les peuples européens continuant en majorité à rejeter l’adhésion de la Turquie.