Si souvent des responsables politiques aiment à surjouer l’antagonisme qu’ils peuvent ressentir les uns pour les autres, parfois certaines rancœurs et même certaines haines sont bien vraies. C’est notamment le cas pour François Hollande et Nicolas Sarkozy qui se vouent une détestation mutuelle bien connue. C’est ainsi que sans surprise, profitant de la condamnation en première instance de l’ancien président de droite la semaine dernière, l’ex-président de gauche a indiqué dans un entretien au «Parisien» ne pas accepter «les attaques répétées contre la justice» après la condamnation à de la prison ferme de Nicolas Sarkozy, même s’il «mesure ce que représente cette décision» pour son prédécesseur à l’Élysée. «Je mesure ce que représente pour Nicolas Sarkozy cette condamnation à la fois sur le plan humain et sur le plan politique. C’est aussi une question d’honneur compte tenu des fonctions qu’il a exercées», affirme l’ancien chef de l’État. «En revanche, ce que je n’accepte pas, ce sont les attaques répétées contre la justice et son indépendance, avec des magistrats qui sont nommément pointés du doigt», ajoute François Hollande, déplorant que le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, n’ait pas défendu «immédiatement l’institution judiciaire». Alors que la droite a concentré ses attaques sur le Parquet national financier (PNF), qu’elle accuse d’avoir joué un rôle politique dans le procès, l’ancien dirigeant socialiste rappelle que le jugement a été rendu «par un tribunal indépendant, après une enquête menée par le PNF, puis une instruction confiée à d’autres magistrats». «Enfin, les magistrats du PNF n’ont pas été choisis par moi, pas plus que par mon successeur. Ils l’ont été sur proposition du garde des Sceaux après avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature», insiste François Hollande, qui a créé le PNF en 2013 après l’affaire Cahuzac. «Prétendre que le PNF agirait à des fins partisanes, c’est porter atteinte à l’impartialité de 18 magistrats qui travaillent en toute indépendance pour l’intérêt général», poursuit l’ex-chef de l’État. «À ceux qui comme Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon se plaignent qu’il y aurait un gouvernement des juges, je dis que le temps où les politiques étaient intouchables est révolu», ajoute-t-il encore. Reste que cette condamnation de son Némésis n’est pas pour déplaire à l’ancien président socialiste qui n’a jamais manqué une occasion pour critiquer son ancien adversaire de 2012, tout en ne manquant pas de critiquer au passage le garde des Sceaux d’Emmanuel Macron.