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samedi 20 avril 2024

Guerres civiles sans fin

On sait quand une crise politique, en particulier si elle est fauteuse de guerre civile, éclate, car justement elle n’existe qu’à partir de ce moment ; par contre, on ne sait jamais quand elle va se terminer. Pour cela il faut attendre qu’une de ses parties prenantes se soit imposée militairement à sa ou ses rivales, ce qui suppose leur élimination. Ce scénario est en train de se préciser en Afghanistan, parallèlement au retrait des forces américaines et de leurs alliés de l’Otan : les Talibans chassés du pouvoir, il y a vingt ans, par ces mêmes forces qui seront toutes parties bientôt, sont déjà en mouvement sur plusieurs fronts pour le reprendre. La rapidité avec laquelle ils sont en train de gagner du terrain est telle qu’on se prend à se demander si en fait ce n’est pas tant eux qui avancent que l’armée afghane qui recule volontairement, dans le but de les attirer là où il suffirait plus facile pour elle de faire volte-face avant de leur couper la retraite. Pour farfelue qu’elle semble à première vue, cette perspective n’en a pas moins pour elle ce qu’avait dit le président américaine quand il annonçait le retrait, à savoir que l’armée afghane avait tout ce qu’il fallait pour se défendre. Certes, il a pu dire cela juste pour souligner l’irréversibilité du retrait décidé par lui. Une façon comme une autre de laisser entendre aux alliés afghans que quoi qu’il leur arrive désormais, lui s’en lave les mains, il ne retardera pas d’un jour le retrait.

Quoi qu’il en soit, l’Afghanistan nous offre en ce moment l’exemple type d’une guerre civile qui se termine en quelque sorte comme il se doit, c’est-à-dire par la victoire militaire d’un camp sur l’autre. Ce qui restera vrai même si en définitive il s’avère que le vainqueur n’est pas celui sur lequel tout le monde sera pour l’heure porté à parier. Ce n’est pas ainsi que les choses se présentent ni en Syrie, ni en Libye, ni au Yémen. Bien que les guerres qui s’y déroulent paraissent elles aussi sur leur fin, et pour deux d’entre elles à l’arrêt, on aura du mal à bien distinguer le vainqueur des vaincus. Même en Syrie, où Damas a pourtant repris le contrôle sur les deux tiers du pays, proclamer le vainqueur n’est pas chose aisée. La victoire ne sera réelle qu’une fois complète, lorsque seront reconquises les régions aujourd’hui occupées soit par les Américains, soit par les Turcs. Et même dans ce cas, cette victoire n’aura pas été acquise sans l’appui actif des Russes. L’une des raisons qui font que Turcs et Américains ne se retirent pas tient justement au fait que pour eux la Syrie d’avant a cessé d’exister, que celle d’aujourd’hui est une sorte de colonie russe. L’absence de vainqueur est encore plus nette dans le cas libyen. Il y en aurait eu un du même ordre que les Talibans en Afghanistan si les forces commandées par Khalifa Hafter avaient remporté la bataille de Tripoli. Or ils l’ont perdue, non pas d’ailleurs face à des Libyens, mais par suite de l’intervention turque. Au Yémen, les Houthis gagneraient sûrement la guerre si la coalition dirigée par l’Arabie saoudite faisait la même chose que les Américains et leurs alliés en Afghanistan, c’est-à-dire se retirait. Pour cela justement, la guerre n’est pas près de se terminer. Les Houthis sont d’autant moins disposés à s’engager dans un réel processus de paix qu’ils voient les Saoudiens de plus en plus désireux de se dépêtrer du Yémen.

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