La guerre en Ukraine est désormais rentrée dans sa troisième semaine, et l’armée russe est toujours aux portes de Kiev.
Des chars russes sont parvenus jeudi aux portes nord-est de Kiev, poursuivant leur manœuvre d’encerclement, tandis que le flot des Ukrainiens chassés par la guerre grossissait sans cesse, un « très gros défi » pour l’Union européenne qui s’apprête à accueillir des millions de réfugiés. Le même jour, les premières négociations directes à haut niveau entre les belligérants depuis le début, le 24 février, du conflit en Ukraine n’ont pas permis de parvenir à un cessez-le-feu. Les Etats-Unis et leurs alliés européens envisageaient pour leur part des sanctions supplémentaires contre la Russie. De leur côté, les ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et Dmytro Kuleba ont campé sur leurs positions au cours de leurs discussions sous les auspices de leur homologue turc Mevlut Cavusoglu à Antalya, une station balnéaire du sud de la Turquie prisée des touristes russes. « Nous avons évoqué un cessez-le-feu, mais aucun progrès n’a été accompli en ce sens », a déclaré M. Kuleba, ajoutant cependant qu’il « espérait » pouvoir poursuivre la discussion avec son homologue.
A la demande de Moscou : réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur les armes chimiques
Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira aujourd’hui en urgence sur la fabrication supposée d’armes biologiques en Ukraine, à la demande de Moscou. La Russie accuse Washington et Kiev de gérer des laboratoires destinés à produire des armes biologiques en Ukraine, ce qui a été démenti par les deux capitales. Moscou avait déjà accusé en 2018 les Etats-Unis de mener secrètement des expérimentations biologiques dans un laboratoire de Géorgie, une autre ex-république soviétique qui, comme l’Ukraine, ambitionne de rejoindre l’Otan et l’Union européenne. Lors d’une réunion mensuelle du Conseil de sécurité sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie – un dossier toujours non clos et qui continue de souffrir d’un manque d’informations de Damas dénoncé par l’ONU -, Washington et Londres ont tous deux évoqué l’Ukraine.
Poutine voit des « avancées positives » dans les pourparlers avec l’Ukraine
Le président russe Vladimir Poutine a dit aujourd’hui voir « des avancées positives » dans les pourparlers avec l’Ukraine, à l’occasion d’une rencontre avec son allié bélarusse Alexandre Loukachenko. « Je vais vous informer (…) de comment se passent les négociations, qui ont lieu presque tous les jours désormais. Il y a certaines avancées positives », a-t-il dit, sans donner d’autres précisions. Trois tours de pourparlers ont eu lieu au Bélarus depuis l’entrée en Ukraine de dizaines de milliers de soldats russes. Ils étaient essentiellement focalisés sur la création de couloirs humanitaires pour les civils.
« Les sanctions affecteront négativement la reprise de l’économie mondiale »
Le Premier ministre chinois, Li Keqiang, a déclaré aujourd’hui que Pékin avait sa propre opinion et était prêt à jouer un rôle positif auprès de la communauté internationale dans le retour de la paix, notant que les sanctions affecteront négativement la reprise de l’économie mondiale et de tous les pays. A l’issue de la session parlementaire annuelle, le Premier ministre chinois a déclaré que Pékin appelait à un maximum de retenue pour éviter une crise humanitaire de grande ampleur en Ukraine, a rapporté l’agence de presse russe Sputnik. « Il est nécessaire de tout mettre en œuvre pour soutenir les pourparlers russo-ukrainiens sur le dépassement des divergences et la recherche d’une solution pacifique », a ajouté M. Li. « Pékin considère qu’il est important de maintenir le processus de négociation entre la Russie et l’Ukraine et salue tous les efforts visant à promouvoir un règlement pacifique », a déclaré le Premier ministre chinois.
L’UE ne pourra pas imposer d’embargo complet sur les hydrocarbures russes
La ministre française de la Transition écologique, Barbara Pompili, a fait valoir que les 27 pays de l’Union européenne ne pourront pas imposer d’embargo complet sur leurs importations d’hydrocarbures russes, comme l’ont décrété les Etats-Unis. Alors que Washington et Londres ont décidé d’arrêter leurs importations de gaz et de pétrole russes, l’UE, bien plus dépendante, n’est pas prête à les suivre mais s’organise pour réduire de deux tiers dès cette année ses achats de gaz à Moscou. Mme Pompili, qui s’exprimait à New York au titre de la présidence française du Conseil de l’UE, lors d’une visite à l’ONU, a confirmé que les Vingt-Sept allaient prendre « des mesures très lourdes, puisque d’ici la fin de l’année (on doit) réussir à se passer des deux tiers de nos importations » de gaz russe. Elle a insisté, lors d’un point-presse sur « l’ampleur de ce que cela veut dire au regard de la dépendance que nous avons aujourd’hui ». D’après Mme Pompili, « le président (américain Joe) Biden a dit lui-même que la situation aux Etats-Unis et en Europe n’était pas comparable et qu’il n’entendait pas nous demander de prendre le même genre de décision ». M. Biden a annoncé mardi un embargo sur les importations américaines d’hydrocarbures russes, tandis que le Royaume-Uni s’est engagé à y parvenir d’ici la fin de l’année.
Meriem Benchaouia