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jeudi 18 avril 2024

Guerre économique totale perdue d’avance

Quand des dirigeants de pays différents entrent dans une guerre économique et financière, par définition une arme à double tranchant, la moindre des précautions que leurs peuples sont en droit d’attendre d’eux, c’est qu’ils n’en pâtissent pas en définitive plus, ni même autant d’ailleurs, que le pays et sa population contre lesquels cette guerre est déclarée. Autrement, ce ne serait pas tant sanctionner ces derniers qu’eux-mêmes, leurs administrés. C’est pourtant ainsi que la situation se présente dans le cas de la guerre tous azimuts que les Etats-Unis, et leurs alliés britanniques, canadiens et australiens, aux côtés de l’Union européenne, sont depuis quelques jours en train d’entreprendre contre la Russie, pour prix de son invasion de l’Ukraine. Or malgré cela celle-ci n’a encore répondu avec la même force qu’en fermant son espace aérien devant les avions des pays ayant pris l’initiative d’interdire le leur aux siens. Cependant, fait remarquable, elle continue d’exporter vers l’Europe son gaz à travers ce même pays avec lequel elle est pourtant en guerre, c’est-à-dire l’Ukraine. Les Européens, à l’imitation des Américains et des Britanniques, ont gelé les avoirs russes détenus dans leurs banques, ce qui ressemble assez à un acte de piraterie, mais ils continuent de recevoir du gaz russe, avec lequel ils se chauffent, cuisinent, et font tourner nombre de leurs industries, au premier chef leurs centrales électriques.

Si les Russes s’avisaient de faire exactement comme eux, de répondre par une égale dureté aux mesures qu’ils ont prises, la première chose qu’ils songeraient à faire, ce serait de couper le robinet du gaz. Les Européens eux aussi ont exclu un certain nombre de banques russes du système de payement SWIFT, mais c’est pour préciser peu après que cela ne valait pas pour les achats des gaz et pétrole russes. En quoi ils montrent qu’ils ne sont pas en réalité en capacité de faire une guerre économique et financière totale à la Russie, dont ils dépendent, et pas qu’en matière d’hydrocarbures. Il n’en reste pas moins que deux guerres parallèles sont en train de se développer, celle qui met aux prises les deux armées russe et ukrainienne sur le territoire de la deuxième, et l’autre que les Occidentaux dans leur ensemble font à la Russie aux plans économique et financier, encore que ce soit davantage à ce deuxième. Les Français, par l’intermédiaire de leur ministre des Finances, Bruno Lemaire, ont commencé comme à leur habitude par faire les coqs, déclarant une guerre totale à la Russie, dans le but de faire s’effondrer son économie, pour se dédire quelques heures seulement plus tard, à la première remarque des Russes que les guerres économiques ont vocation à se transformer en guerre tout court. Le mot de guerre n’a pas été heureux, s’est repris le même Burno Le Maire, la France étant en paix avec la Russie, et entendant le rester. Il semble bien que pas plus que les Ukrainiens ne soient en mesure de soutenir longtemps une guerre avec les Russes, les Européens ne soient capables de s’imposer à eux économiquement. La réalité, c’est que la Russie se prépare depuis des années à l’épreuve de force avec l’Otan, à la fois militairement et économiquement. Ce sont les Occidentaux qui en sont réduits à improviser, à tenir un langage puis un autre, ne sachant trop sur quel pied danser.

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