«Voix de sable» est le titre d’une belle performance artistique présentée samedi soir à l’Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l’audiovisuel (Ismas) d’Alger. La générale de cette «performance-danse» a été marquée par la présence d’un grand nombre d’artistes ainsi que les étudiants de l’établissement.
Par Abla Selles
Conçu par le dramaturge et metteur en scène Omar Fetmouche, ce spectacle a été présenté à Alger avant sa participation aux Xes Olympiades du théâtre, ouvertes depuis le 15 avril dernier et s’étalant jusqu’au 15 juillet prochain à Budapest (Hongrie). «Voix de sable» est une incursion dans le patrimoine immatériel et les rites ancestraux d’Afrique du Nord et de l’Algérie numide notamment. Durant près d’une heure, cette performance artistique réunit le chant profond des Touareg avec l’écho autochtone de l’appel du Djurdjura dans un bel hommage à la parole et une transe mystique qui interrogent l’Histoire et la profondeur de l’ancestralité.
Trois tableaux dans cette performance aux traits expérimentaux, d’abord le rituel de la pluie avec «la fiancée d’Anzar», rendu dans la pure tradition des légendes amazighes, le «combat ritualisé de Takoba» et le cérémonial, qui n’a pu être présenté pour des raisons techniques, de la «Sbiba de Djanet», inscrite en 1984 par l’Unesco dans la liste du patrimoine immatériel de l’humanité, explique Omar Fetmouche.
La performance-danse «Voix de sable» est aussi et surtout «cet autre théâtre» qui rappelle que le théâtre et le spectacle en Afrique du Nord et en Algérie notamment, n’ont pas été importés d’ailleurs, mais qu’ils «existent sur ces terres autochtones depuis 30 000 ans», explique le dramaturge et metteur en scène Omar Fetmouche.
Cette remarquable prestation à la portée muséale a été servie par une pléiade d’artistes, dont la troupe masculine «Izelmane» de Djanet de danses traditionnelles, dirigée par Belkacem Chaliali, les comédiens, Amirouche Rebbat (Anzar), Lila Benattia, la femme chaouie, encadrée par le grand chorégraphe El Hadi Cherifa.
Un grand cercle délimité par une couche large de sable, une grande kheima, symbole de la famille, de la fraternité et du vivre ensemble, ainsi que quelques accessoires rituels, ont constitué la scénographie de ce spectacle conçu autour de la thématique de l’eau représentée par une source à l’intérieur du grand cercle. La bande son a consisté en des enregistrements de chants et d’instrumentaux targuis, ainsi que de «lives» brillamment exécutés par la voix cristalline, à la tessiture large de la jeune Rahima Khalfaoui, également à la guitare, interprétant notamment les pièces «Al Kheir inu» et «Essendu» du regretté Idir, «Ad Ezzi Saâ» de Slimane Azem reprise par le groupe Djurdjura et «Anzar, Anzar» du patrimoine populaire.
A. S.