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vendredi 31 mars 2023

Fuite

Si le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin espérait régler en quelques semaines le cas de l’expulsion de l’imam Hassan Iquioussen, cette affaire au contraire s’éternise. Le marocain, né en France, mais qui a refusé la nationalité de son pays d’accueil, est aujourd’hui en « fuite » et aurait selon des révélations officielles, quitté le territoire français. Un mandat a donc été délivré par un juge d’instruction de Valenciennes pour « soustraction à l’exécution d’une décision d’éloignement ». Ce mandat d’arrêt européen a été délivré contre le prédicateur marocain, considéré comme en fuite après la validation de son arrêté d’expulsion. Mardi après le feu vert du Conseil d’État à l’expulsion de Hassan Iquioussen, la police ne l’avait pas trouvé à son domicile de Lourches, près de Valenciennes. Le lendemain, le préfet du Nord avait expliqué, lors d’une conférence de presse, que l’imam était dès lors considéré comme « délinquant », car en fuite. Si effectivement Hassan Iquioussen est resté en France, le motif du mandat d’arrêt est justifié, selon des sources proches du dossier. Mais, le ministre de l’Intérieur a affirmé depuis que l’imam était « manifestement en Belgique » et s’en est félicité. Or, dans ce cas, selon des sources proches du dossier, Hassan Iquioussen est considéré comme ayant lui-même exécuté la mesure d’éloignement. Sous le coup d’un arrêté d’expulsion signé du ministre, il peut en effet quitter la France pour n’importe quel pays. Les modalités d’expulsion ne sont pas fixées dans un arrêté d’expulsion. En revanche, une obligation de quitter le territoire français (OQTF), qui n’a pas été prise à son encontre, prévoit des modalités d’expulsion vers le pays d’origine. Si bien que ce mandat d’arrêt et son motif ne se justifiraient que si l’imam est en France. « C’est compliqué juridiquement », a reconnu une source proche du dossier, quand une autre a fait valoir qu’il avait fallu faire preuve « d’acrobaties juridiques pour judiciariser une poursuite contre quelqu’un sous le coup d’une mesure administrative ». Le Conseil d’État a donné son feu vert mardi à l’expulsion de Hassan Iquioussen (né en France il y a 58 ans mais de nationalité marocaine) dont le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait fait ces dernières semaines un symbole de la lutte du gouvernement contre les « discours séparatistes ». Gérald Darmanin avait annoncé le 28 juillet l’expulsion de ce prédicateur du Nord, fiché S (pour sûreté de l’État) par la DGSI « depuis dix-huit mois », selon lui. L’arrêté d’expulsion lui reproche « un discours prosélyte émaillé de propos incitant à la haine et à la discrimination et porteur d’une vision de l’islam contraire aux valeurs de la République ». Reste à voir comment le ministre de l’Intérieur réussira à retourner la situation en sa faveur. Car si la décision du Conseil d’État de valider d’expulsion d’Iquioussen devait aider Darmanin à se faire un bon coup de pub, l’absence d’images de l’imam menotté et mis dans un avion en direction du Maroc ruine visiblement ses plans, même s’il tente de se rattraper en assurant que du moment que le prédicateur a quitté le territoire français, il est satisfait. Sauf que rien n’est moins sûr surtout alors que le fils d’Iquioussen émet publiquement des doutes sur l’emplacement actuel de son père. Il semblerait probable donc que Darmanin essaierait de limiter les dégâts et de se soustraire aux inévitables critiques visant la police incapable de surveiller d’Iquioussen et encore moins de l’arrêter alors qu’il était visiblement un prévenu à risque.

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