Tout comme Nicolas Sarkozy puis François Hollande, Emmanuel Macron est aujourd’hui accusé par ses opposants de faire la courte échelle à Marine Le Pen pour espérer, en cas de nouveau duel au second tour de la prochaine présidentielle avec la dirigeante du Rassemblement National, gagner le scrutin en appelant au vote républicain. Un vote barrage contre le RN qui permettrait à Macron, malgré son mandat catastrophique, de remporter un nouveau quinquennat à l’Élysée. Pour défendre le président français, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a ainsi dit dans le Journal du Dimanche espérer «un second tour sans l’extrême droite» à la présidentielle de 2022, à rebours des projections des sondages qui laissent pourtant augurer un second tour Macron – Le Pen. «Je constate à l’inverse que nos oppositions cherchent à tout prix à nous affaiblir pour s’assurer, elles, un face-à-face avec Le Pen», explique-t-il. «Comme si elles étaient assurées de l’emporter ! Ne jouons pas avec le feu et mobilisons-nous pour que Marine Le Pen soit reconduite à la frontière de la vie politique par le vote des Français». Interrogé sur l’éventualité d’une opposition Macron-Le Pen au second tour qui serait extrêmement favorable au premier, Gabriel Attal assure ne pas faire de «tels calculs» qui relèveraient, selon lui, d’«un cynisme absolu». Sur les questions régaliennes, le porte-parole du gouvernement estime que «le RN a prospéré sur ces sujets parce que les gouvernements précédents ont fui leurs responsabilités». «Nous, nous les affrontons et nous y répondons», poursuit-il. «C’est le cas avec le projet de loi sur le séparatisme, qui met nos oppositions face à leurs contradictions. Lors du vote de ce texte, le RN s’abstient alors qu’il prétend vouloir combattre les ingérences étrangères. La gauche ne nous soutient pas dans notre combat pour la primauté de l’école de la République. La droite non plus dans la lutte contre l’islamisme politique». Selon Gabriel Attal, «le danger serait de laisser penser que nous partageons avec le RN les mêmes constats et objectifs, et que notre seule différence serait un degré d’efficacité. (…) Nous, on se bat pour remettre de la République dans les quartiers, en dédoublant les classes, en ouvrant des centres de santé, en aidant les jeunes méritants à accéder à la Fonction publique. Sur tous ces sujets, Marine Le Pen n’est pas molle : elle est absente». Toutefois, quoique dise Attal, il ne convaincra pas l’opposition qui de son côté manque de personnalités présidentiables et craint donc de voir Macron et Le Pen s’envoler pour le second tour en 2022, laissant les candidats de droite et de gauche loin derrière. Mais il reste encore une année aux opposants pour trouver des candidats crédibles, capables de séduire les Français, de moins en moins intéressés par la politique et surtout par les élections qui enregistrent toujours plus d’abstentions.