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mardi 21 mars 2023

Frontière

Alors que la crise des migrants à la frontière polonaise ne cesse de se compliquer, une partie du peuple polonais a clairement exprimé son soutien à la politique de son gouvernement en défilant dans les rues pour protester contre la tentative d’«invasion» de migrants à laquelle fait face le pays. Des milliers de manifestants brandissant des drapeaux polonais ont ainsi investi jeudi le centre de Varsovie pour la marche annuelle célébrant le jour de l’Indépendance organisée à l’appel de la droite, avec le soutien du gouvernement nationaliste. La grande place centrale de la capitale, sur laquelle retentissaient des chants patriotiques grâce à une sonorisation puissante, s’est couverte de fumée rouge et blanche, les couleurs nationales, tandis qu’étaient lancés des pétards et d’autres engins fumigènes dès le début de ce défilé. Un imposant dispositif policier protégeant la marche a été déployé dans le centre-ville, avec des véhicules blindés, des barrages et des agents armés jusqu’aux dents. Plusieurs artères principales ont été fermées à la circulation. Il faut dire que cette manifestation a par le passé souvent donné lieu à des heurts avec les forces de l’ordre. Le maire libéral de Varsovie, Rafal Trzaskowski, a une nouvelle fois tenté cette année de faire interdire ce rassemblement, fort de décisions de justice qui lui ont donné raison, mais, au dernier moment, le gouvernement a décrété ce défilé «manifestation d’État». Outre le traditionnel «Dieu, Honneur et Patrie», le mot d’ordre de la marche est que «l’indépendance n’est pas à vendre», au moment où la Pologne et l’Union européenne s’affrontent au sujet des réformes judiciaires controversées adoptées par le parti au pouvoir, Droit et Justice (PiS), et où sont en jeu des dizaines de milliards d’euros prévus pour ce pays dans le cadre des fonds européens de relance. Bruxelles n’a toujours pas donné son feu vert à leur versement en raison d’un bras de fer avec Varsovie concernant le respect de l’«État de droit». La situation des migrants dans la région est devenue une cause internationale, le président américain lui-même ayant manifesté son inquiétude face à cette crise qui s’éternise. Pointé du doigt par plusieurs voix occidentales qui l’ont accusé cette semaine d’avoir orchestré avec Minsk l’envoi de ces migrants à la frontière polonaise, le président russe, Vladimir Poutine, a, quant à lui, rejeté, dans une interview diffusée hier, toute responsabilité dans la crise migratoire en cours. Ce contexte explosif est propice à une escalade qu’il serait sage de ralentir en évitant de jeter de l’huile sur le feu, comme le fait l’UE qui plutôt que de venir en aide à la Pologne préfère la menacer de sanctions. Tant et si bien que c’est la Grande-Bretagne qui aujourd’hui vole au secours des Polonais en envoyant des troupes militaires à la frontière polonaise. Reste à voir comment évoluera cet état de chose dans les jours à venir, alors que la tension monte davantage et que les Polonais sont de plus en plus nombreux à perdre patience.

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