Les pratiques commerciales frauduleuses sont dans la ligne de mire du gouvernement qui veut en finir avec le fléau de la spéculation à l’origine de la flambée continue des prix des produits. Les sanctions légales contre ces pratiques ont été durcies sur décision du Conseil des ministres, réuni par le président de la République.
«Depuis, le contrôle a été raffermi et le nombre d’interventions concernant le contrôle du commerce a augmenté de 10 % par rapport à l’année dernière», assure Sami Kolli, directeur général de la régulation et l’organisation des marchés au ministère du Commerce. Plus d’un 1 300 000 opérations de contrôle ont été menées, donnant lieu à près d’un million d’infractions, quelque 9 000 fermetures administratives et plus de 94 000 poursuites judiciaires engagées, soit 30 % de plus que l’année dernière, indique Sami Kolli. Ce qui démontre, selon lui, «les nombreux efforts fournis par les agents de contrôle».
Durant cette même période, la valeur des marchandises saisies s’élève à plus de 995,9 millions de dinars, révèle le même responsable. Il dévoile également un chiffre d’affaires dissimulé «effarant», à travers ces pratiques frauduleuses. Ce chiffre est estimé à 60,1 milliards de dinars, annonce le même responsable. Il cite, à titre d’exemple, la spéculation exercée récemment sur le marché de la pomme de terre. «Les dernières opérations de saisie ont permis de récupérer 120 000 tonnes de pomme de terre, réparties sur onze wilayas, détenues sans document attestant que ces stocks sont déclarés auprès des autorités concernées», rapporte-t-il. Concernant le stockage des différents produits recensés, l’invité de la rédaction de la Chaîne 3 fera savoir que «l’année dernière, à cause des perturbations causées sur le marché par la pandémie et l’arrêt des transports et de certaines activités commerciales, un appel a été lancé à travers les médias, le 17 mai 2020, pour la déclaration volontaire des stocks». Sami Kolli explique que cette opération a permis au ministère du Commerce de dessiner une cartographie des capacités de stockages. «2 989 chambres froides et 1860 entrepôts ont été déclarés, ce qui nous donne une capacité de plus de 10 millions de m3 de stockage des différents produits», indique-t-il. Pour lutter contre la spéculation, un arsenal de textes juridiques sera renforcé pour s’adapter à la nouvelle loi criminalisant ce péhnomène. «La loi 04-02, relative aux règles fixant les pratiques commerciales, est en cours de révision pour mieux définir les concepts de spéculation, de pénurie ou autres, pour travailler en toute transparence, car le projet de loi sur la lutte contre la spéculation illicite définit également quels agents doivent intervenir, les agents du commerce, du fisc et des officiers de police judiciaire, seuls habilités à constater, selon le projet de loi», explique-t-il. «Nous allons faire la chasse à ces pratiques frauduleuses», poursuit-il.
Le responsable dévoile également qu’un plan national directeur pour l’implantation des espaces commerciaux est en préparation. Pour cela, «nous disposons d’une étude menée avec des experts internationaux», indique-t-il. Une façon, selon lui, d’«accompagner les efforts des pouvoirs publics pour la construction de logements, pour varier les commerces implantés et répondre à la demande de la population». «Tout ce qui est utile doit être normalisé», conclut Sami Kolli.
Louisa Ait Ramdane