Human Rights Watch a dénoncé hier le refoulement sommaire à Menton (Sud), à la frontière franco-italienne, de jeunes migrants de moins de 18 ans remis à l’Italie avec des formulaires falsifiés par la police et sans information sur la possibilité de demander
l’asile.
«La police aux frontières françaises n’a pas d’autorité légale pour déterminer qui est mineur et qui ne l’est pas», rappelle Bénédicte Jeannerod, directrice France de l’ONG Human Rights Watch, dans un rapport repris par des médias.
«Au lieu de jugements hâtifs fondés sur l’apparence ou l’arbitraire, elle devrait orienter ces jeunes vers les autorités de protection de l’enfance pour qu’ils reçoivent une prise en charge adéquate», ajoute-t-elle. «Chaque mois, la police française expulse sommairement des dizaines d’enfants non accompagnés vers l’Italie en violation du droit français et du droit international», selon HRW, qui a enquêté sur place en novembre et documenté des exemples comme celui de deux Soudanais de 17 et 16 ans renvoyés avec de fausses dates de naissance inscrites par la police française leur donnant 27 et 20 ans.
Des témoignages recueillis par HRW jusqu’en avril 2021 auprès des bénévoles et humanitaires côté italien (Diacona Valdese, WeWorld, Kesha Niya) ont corroboré cette observation. Les pays d’origine des jeunes sont variés : Pakistan, Afghanistan, Somalie, Côte d’Ivoire, Soudan, Guinée et Tunisie. La préfecture des Alpes-Maritimes (Sud-Est) a été maintes fois mise en cause depuis 2017 sur ce sujet, y compris par les tribunaux.
HRW déplore aussi la rétention «abusive» voire «traumatisante pour les enfants» des personnes refoulées dans des préfabriqués de la police aux frontières française.
Selon les derniers chiffres officiels disponibles, 80 personnes en moyenne ont été quotidiennement refoulées à Menton début 2021, en application des contrôles rétablis par la France en 2015.
Le département des Alpes-Maritimes indique avoir accueilli plus 7 500 jeunes étrangers se présentant comme mineurs isolés depuis 2017.
May H.