C’est un véritable test que devront passer les joueurs internationaux algériens évoluant dans le championnat français, après la dernière «trouvaille» de la FFF (Fédération française de football) qui a, par l’intermédiaire d’un email envoyé aux arbitres, interdit l’arrêt des rencontres pour permettre aux joueurs musulmans de rompre le jeûne comme cela se fait dans les championnats d’Angleterre et d’Allemagne.
Par Mahfoud M.
Cela se répercutera très certainement sur les clubs qui pourraient bien interdire à leurs éléments de faire le jeûne. D’ailleurs, une première victime a été enregistrée côté algérien, avec la mise à l’écart du tout nouvel international des Verts, Jaouen Hadjam, qui n’a pas été retenu avec son club, le FC Nantes, lors du dernier match disputé dimanche soir face au FC Reims, pour le compte de la 29e journée de Ligue 1, pour avoir refusé de rompre le jeûne le jour des matchs. C’est l’entraîneur, Antoine Kombouaré, qui est derrière la décision, lui qui avait déjà réuni les joueurs musulmans, vendredi dernier, pour leur signifier qu’il met la performance sportive au-dessus de tout et ne fera pas appel aux joueurs refusant de rompre leur période de ramadhan les jours de match.
Il faut savoir que ce n’est pas la première fois que Kombouaré applique cette règle. Lorsqu’il dirigeait le PSG, il montrait la même fermeté. Kalifa Coulibaly, ancien attaquant du FC Nantes et actuellement libre de tout contrat, a connu Kombouaré au Paris Saint-Germain, où il a effectué une partie de sa formation, et chez les Canaris. Dans une interview accordée à Ouest-France, il s’est confié sur sa situation pendant le ramadhan : «J’ai vécu la même situation. J’essaie de jeûner toute la semaine. Le coach nous gère différemment pendant la semaine. Le jour de match, tu ne peux pas le faire parce que ça demande trop d’efforts».
Digard plus souple à l’égard des Algériens et des musulmans
Si Kombouaré se montre ferme, l’entraîneur de l’OG Nice, Didier Digard, qui a quatre algériens sous sa coupe, à savoir Youcef Attal, Hicham Boudaoui, Badreddine Bouanani et Bilal Brahimi, est lui plus souple. «Cette année, les horaires n’empiètent pas sur les matchs. On a regardé le calendrier, ce seront des matchs à 21h, donc le jeûne sera déjà rompu», a d’abord rappelé le coach de l’OGC Nice.
«Moi, je n’ai pas de position sur ces choses-là, c’est toujours compliqué. On est dans un pays laïc, pas dans un pays musulman. Ce sont toujours des sujets délicats. On connaît l’Angleterre. Il faut avouer les choses, ils sont plus ouverts que nous sur le sujet et ça a toujours été le cas. Maintenant, ce serait bien que la France le fasse. Je pense que ça pose de souci à personne qu’ils ne le fassent pas, parce qu’on sait qu’à partir du moment où on n’est pas dans un pays musulman, on ne peut pas espérer avoir des choses en conséquence. Il faut accepter le pays où l’on vit», a conclu Digard, philosophe.
Un autre Français s’est exprimé sur ce sujet, en l’occurrence l’international français Lucas Digne, qui évolue dans le championnat anglais, avec Aston Villa. Ce dernier, remonté par cette décision de la FFF, a déploré le retard qu’accuse la France dans ce domaine : «2023 on peut arrêter un match 20 minutes pour des décisions, mais pas 1 minute pour boire de l’eau», a-t-il commenté sur les réseaux sociaux. Tout cela pour dire que cette décision ne fait pas l’unanimité au sein du monde du football en France, et des joueurs musulmans ne l’accepteront sans doute pas aussi facilement.
M. M.
