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vendredi 29 mars 2024

Folie

La réforme des retraites continue en France à pousser à tous les excès et les députés de La France Insoumise ont été depuis des mois maintenant en première ligne pour s’opposer au projet de loi du gouvernement. Toutefois, plutôt que de le faire de façon classique, les députés Insoumis se sont montrés depuis l’annonce de cette réforme particulièrement virulents envers l’exécutif. François Ruffin a ainsi déploré «une certaine forme de folie» dans la volonté d’Emmanuel Macron de faire passer son projet de réforme des retraites malgré la contestation. «Ça fait maintenant des mois qu’il y a sept Français sur dix qui disent non à cette réforme, neuf salariés sur dix. On a tous les syndicats unis qui disent non, on a une, deux, trois manifestations avec un, deux, trois millions de personnes qui disent non à cette réforme», a énuméré le député de la Somme. «Apparemment tout ça, le président Macron et Élisabeth Borne ne l’entendent pas», a-t-il regretté, estimant que «l’effet serait différent si c’est le patron d’Amazon (…), si c’est le patron de Procter et Gamble, si c’est le patron de Dunlop qui prennent leur téléphone et qui disent : ‘’Ecoutez, M. Macron, y en a marre, arrêtez vos bêtises, remettez la France au travail’’». Le chef de l’État «malheureusement aujourd’hui est plus à même d’écouter Jeff Bezos, le patron d’Amazon (…) que d’écouter les Français qui travaillent», a insisté François Ruffin, ironisant sur son «bon sens du CAC40». Allusion à une récente sortie du président de la République, qui en a appelé les Français au «bon sens» du pays concernant la mesure phare de la réforme, à savoir le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. «Ils ont la valeur travail dans les mots mais ils l’écrasent tous les jours dans les faits», a enfin critiqué le député LFI, décrivant «la France qui manifeste» comme celle «qui se lève tôt» et «qui va au boulot» ou «qui prend son auto», voire «qui a mal au dos». «Cette France-là mérite le respect : il y a une demande de fierté», a-t-il martelé, évoquant une «work pride» (marche de la fierté du travail) hier, sixième journée d’actions contre la réforme actuellement examinée par le Sénat. Mais si les Insoumis ne reculent, pas le gouvernement non plus reste ferme et semble bien décidé cette fois-ci à aller au bout de sa démarche. Car c’est bien la seconde fois que le gouvernement tente de faire passer cette réforme, la première fois étant durant le premier mandat de Macron. Les grèves et les blocages avaient alors également duré des mois, provoquant une situation des plus tendues. Mais à l’époque, l’Élysée avait pris le début de la crise sanitaire mondiale du Covid-19 comme excuse pour reculer et annoncer un arrêt «momentané» de la réforme. Mais aujourd’hui, l’exécutif semble décidé à aller jusqu’au bout et à faire passer le projet de loi coûte que coûte. Reste à voir si les acteurs sociaux tiendront bon aussi longtemps que le gouvernement et si les Français surtout se mobiliseront en masse ou s’ils avaliseront implicitement le passage de cette loi, élaborée depuis des années par Emmanuel Macron et ses alliés, en restant passifs.

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