A deux semaines du ramadhan, les Algériens commencent déjà à souffrir de la flambée des prix des produits de première nécessité. Ils assistent impuissants à la hausse des prix des produits alimentaires.
Par Meriem Benchaouia
Fruits et légumes, viandes rouge et blanche, huile…, la quasi-totalité des denrées alimentaires de large consommation ont connu une flambée ces dernières semaines. Déjà en posture délicate depuis le début de la crise sanitaire du coronavirus, le ramadhan s’annonce dur pour les bourses moyennes qui doivent d’ores et déjà se préparer à la couleur. S’exprimant sur les ondes de la Radio nationale, Sami Kolli, directeur de la régulation et de l’organisation du marché au ministère du Commerce, a reconnu que «le commerce a connu une année 2020 difficile avec une hausse généralisée des prix». Selon le même responsable, la hausse des prix est notamment causée, en plus d’une conjoncture mondiale difficile due à la pandémie de coronavirus, par les pratiques spéculatives et les mauvais comportements de consommation également à l’origine des tensions constatées sur le marché. «9 tonnes de poulet et 59 tonnes d’huile, stockés à des fins spéculatives, ont été saisies par les brigades de contrôle durant les deux mois de janvier et février», a-t-il indiqué à titre d’exemple. Abordant la pénurie de l’huile de table, doublée par une hausse des prix constatée sur le marché national durant les dernières semaines, l’invité s’est interrogé sur les raisons des tensions récurrentes sur certains produits de large consommation, pourtant fabriqués en quantités suffisantes voire même supérieures aux besoins du marché domestique. «Le besoin national en huile est de 48 000 tonnes par mois. En janvier, 52 000 tonnes d’huile ont été produites et
53 000 en février», a-t-il expliqué. Et de poursuivre : «Même chose pour le sucre. Le marché a besoin de 1 800 tonnes par jour, alors que les capacités installées dépassent les 3 500 tonnes par jour. L’excédent de production est même exporté. Où sont ces quantités ?».
A cet effet, le directeur de la régulation au ministère du Commerce a annoncé que des enquêtes sont menées pour identifier les responsables de ces tensions sur le marché. «En janvier et février, plus de 250 000 opérations de contrôle ont été menées par les brigades mixtes commerce-services de sécurité.
Résultat : plus de 20 000 infractions et plus de 19 000 procédures judiciaires intentées. Un bilan édifiant», a estimé Sami Kolli. Pour lutter efficacement contre ce phénomène, le département du Commerce prépare un amendement de la loi sur la concurrence.
«Le texte est prêt et sera examiné en Conseil des ministres», selon le même responsable. Il prévoit, entre autres, «le renforcement des prérogatives du Conseil de la concurrence».
Ramadhan «sans pénurie et sans flambée»
A quelques jours de ce mois sacré, Sami Kolli a rassuré les citoyens. Il a affirmé que les produits de large consommation ne manqueront pas et que les prix ne prendront pas leur envol. «Tous les produits seront disponibles durant le mois de ramadhan» a-t-il dit. «Le président de la République a même donné des instructions pour importer des viandes rouges fraîches réfrigérées, ajouté à cela l’apport des wilayas du Sud qui ont un fort potentiel. Deux opérateurs qui ont des abattoirs modernes ont été sélectionnés pour lancer
l’opération à partir d’Adrar», a-t-il précisé. D’autres dispositions, a-t-il poursuivi, ont été prises pour garantir la disponibilité des viandes blanches et des légumes. Il a mis également en garde contre les mauvais comportements de consommation. «Certains ménages stockent jusqu’à 5 bidons d’huile. Or, la surconsommation de ce type de produit est déconseillée pour la santé», a-t-il déclaré, appelant les consommateurs à la mesure et à consommer durable.
M. B.