Une majorité d’observateurs politiques en France estiment que la meilleure chance pour Emmanuel Macron d’accéder à un second mandat en 2022, est d’avoir face à lui, une nouvelle fois, Marine Le Pen au deuxième tour du scrutin présidentielle. Tant et si bien que de nombreux détracteurs du président français dénoncent le cynisme avec lequel Macron ferait tout, par diverses techniques pour faire grimper la cote de popularité de la candidate du Rassemblement national pour s’assurer d’un nouveau duel électoral face à elle. Or, aujourd’hui, alors qu’elle s’apprête à se lancer dans sa troisième tentative élyséenne, l’ex-présidente du Rassemblement national (RN) a envoyé une lettre à Emmanuel Macron, afin d’alerter le président sur les difficultés de financement que rencontrent «bon nombre de candidats potentiels à l’élection présidentielle, certains représentants des courants de pensée importants». Depuis des années, le RN (ex-FN) a toutes les difficultés du monde à financer ses campagnes, le parti à la flamme étant considéré comme persona non grata par la plupart des institutions bancaires. Marine Le Pen, dans un courrier envoyé le 2 septembre demande donc à Emmanuel Macron de veiller à ce que le Parlement crée de «nouvelles possibilités de financement». «Les possibilités de financement des campagnes électorales se sont singulièrement réduites, ainsi les candidats ne peuvent même plus faire appel aux prêts des citoyens pour financer leur campagne présidentielle», note Marine Le Pen. «La contrepartie était la création d’une banque de la démocratie», idée soutenue par le haut-commissaire au plan et allié d’Emmanuel Macron, François Bayrou, qui n’a «pas vu le jour, mais les restrictions sont, elles, toujours en vigueur», déplore-t-elle. En l’occurrence, depuis 1962, un candidat à la présidentielle ne peut pas contracter de prêt auprès d’un particulier, selon la CNCCFP (Commission des comptes de campagne). En outre, depuis la loi pour la confiance dans la vie politique de 2017, il ne peut pas emprunter d’argent à des banques non européennes ni à des entreprises privées, mais peut emprunter à des partis politiques. Pour remédier à ces difficultés, Marine Le Pen demande à Macron de «saisir très rapidement le Parlement afin d’ouvrir de nouvelles possibilités de financement pour les campagnes électorales et permettre ainsi un sain débat démocratique». Le parti de Le Pen, le Rassemblement national, très endetté, a du mal à se financer auprès des banques. Pour la campagne présidentielle de 2017, il avait notamment eu recours à un prêt russe de 9 millions d’euros contracté en 2014, qu’il est toujours en train de rembourser. Le RN avait aussi emprunté 6 millions d’euros au micro-parti Cotelec de Jean-Marie Le Pen, et 8 millions d’euros à un homme d’affaires très implanté en Afrique, Laurent Foucher. Le parti prête ensuite de nouveau ces sommes à la candidate. Reste à voir si l’appel de Marine Le Pen sera entendu par Emmanuel Macron, qui, sans une présence de la candidate RN à la présidentielle pourrait se voir acculé par la droite et qui sans l’épouvantail de l’extrême-droite à agiter au second tour pourrait voir une majorité de Français mécontents de sa politique ces cinq dernières années voter contre lui, quel que soit le candidat qui lui sera opposé.