L’affaire Quatennens n’arrête décidément pas d’empoisonner La France Insoumise, trois mois après sa révélation. Adrien Quatennens, ex-dauphin de Jean-Luc Mélenchon, qui a avoué avoir frappé et harcelé son épouse, a été condamné cette semaine à quatre mois de prison avec sursis. Pourtant, le député du Nord, non seulement n’envisage pas du tout de démissionner mais s’est même présenté devant les médias pour se défendre et accabler sa femme. Une situation ubuesque au vu des engagements prétendument féministes de La France Insoumise. Du côté du parti de gauche, l’embarras prédomine ainsi entre les personnalités qui continuent à défendre contre vents et marées le député et ceux qui souhaitent qu’il se retire, ou qui tout du moins sont en désaccord avec ses récentes prises de paroles. C’est notamment le cas de l’eurodéputée Manon Aubry. «Comme beaucoup, je ressens un profond malaise face aux interviews d’Adrien Quatennens. Après une condamnation pour violences conjugales, on ne va pas à la TV pour minimiser ou ‘’contextualiser’’ en dévoilant le passé de la victime», a tweeté l’élue, soulignant que cette initiative «va à l’encontre du combat féministe». Quelques heures plus tôt, la députée LFI de Seine-Saint-Denis, Sarah Legrain, a également dénoncé l’interview de l’ex-successeur de Mélenchon. «Je me dois juste de réagir à la communication personnelle d’Adrien Quatennens : pas en mon nom, pas en notre nom !», a-t-elle tweeté. «La décision prise au sein du groupe est une radiation de notre collègue pour un temps défini. Je tiens à souligner que l’interview qu’il a faite sur BFM ne peut être portée en notre nom. J’apporte mon soutien à mes collègues qui s’en sont désolidarisés», a renchéri Alma Dufour, députée Insoumise de Seine-Maritime. Fidèle parmi les fidèles, la députée LFI de Paris, Danielle Simonnet, a également tenu à exprimer son désaccord avec l’initiative prise par Adrien Quatennens. «Parfois il faut savoir se taire», a-t-elle écrit sèchement, sur le même réseau social, rappelant que le député du Nord s’exprime «en son nom» et non en celui du groupe parlementaire, qui a décidé de le suspendre quatre mois. «Un malaise face à la communication personnelle d’Adrien Quatennens. Reconnaître sa culpabilité et sa volonté de s’amender aurait été suffisant», regrettait le député LFI de Loire Atlantique, Andy Kerbrat, jugeant «plus que nécessaire» la formation sur les violences sexistes et sexuelles à laquelle est conditionné le retour d’Adrien Quatennens dans le groupe. Et ces réactions ne sont qu’un échantillon. Plusieurs élus de la NUPES, dont certains siégeant avec LFI, comme le Picard François Ruffin, ayant déjà exprimé plus tôt encore leur gêne après cette interview. Quant aux alliés des Insoumis, que cela soit du côté des socialistes, des communistes ou des Verts, le verdict est sans appel, Adrien Quatennens n’a plus sa place à l’Assemblée Nationale. Ces derniers avaient d’ailleurs exprimé cet avis dès que l’affaire avait éclaté mi-septembre, mais la tournure qu’elle a prise ne fait que renforcer leur opinion, partagée par ailleurs par une grande partie des militants et sympathisants, qu’ils soient de gauche ou plus particulièrement de La France Insoumise. Reste à voir si la direction du parti d’extrême-gauche, tout fraîchement renouvelée, prendra l’initiative de lui demander de démissionner ou si elle continuera à le soutenir, quitte à perdre le soutien des associations féministes, qui jusqu’à aujourd’hui étaient une grande majorité à travailler main dans la main avec la LFI.