Les parties libyennes qui se sont entendues récemment à Montreux en Suisse sur «une phase préparatoire», poursuivent leurs efforts en vue de booster les pourparlers inter-libyens prévus en octobre à Genève, devant conduire à la formation d’un nouvel exécutif, au profit de qui, le Premier ministre Fayez al-Sarraj, entend céder ses fonctions fin octobre. Pour ce faire, Il a appelé le comité de dialogue à nommer très rapidement un nouveau gouvernement.
Un départ pour lequel la communauté internationale n’a pas encore réagi si ce n’est l’ONU qui l’a qualifié de «décision courageuse». Néanmoins, pour les observateurs, du moins les optimistes d’entre eux, l’annonce de cette démission qui intervient quelques jours après celle du gouvernement provisoire installé dans l’Est, est un signe avant-coureur d’une réorganisation de la vie politique et d’une nouvelle phase en Libye sans Fayez el-Sarraj, et sans Khalifa Haftar, devant mener à une fin de crise qui se fait désespérément attendre après l’échec de plusieurs tentatives de paix entre les deux camps belligérants. Le Parlement basé à Tobrouk, dans l’est de la Libye, et autres parties rivales, seront invités à se mettre d’accord sur un nouveau Conseil présidentiel qui va unifier les autorités et administrations du pays et organiser des élections. Le chef du GNA et ses collaborateurs auraient discuté de ce plan avec d’autres partenaires libyens et internationaux, ont avancé des responsables proches du dossier.
Ainsi, sur fond de grogne sociale déclenchée ces dernières semaines dans plusieurs villes pour dénoncer la détérioration des conditions de vie, Fayez al-Sarraj, président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen, s’est dit prêt à quitter ses fonctions, au plus tard fin octobre, pour céder la place à un nouvel exécutif issu de pourparlers inter-libyens visant à parvenir à une issue politique à la crise que connaît le pays depuis dix ans. En ces termes, lors d’une brève allocution télévisée, le chef du GNA a annoncé «à tous mon souhait sincère de céder mes fonctions à un prochain pouvoir exécutif avant fin octobre au plus tard, en espérant que le Comité de dialogue achève ses travaux, choisisse un nouveau Conseil présidentiel et transfère les pouvoirs au Premier ministre conformément aux conclusions du Congrès de Berlin». Toutefois, il soulignera qu’il restera intérimaire aux négociations prévues à Genève le mois prochain. Dans ce contexte, exprimant son «soutien à tout dialogue politique qui déboucherait sur l’élection de nouveaux organes politiques susceptibles de mettre un terme à la division en Libye», Al-Sarraj s’est félicité du dialogue inter-libyen mené sous l’égide de l’ONU et des recommandations qui en ont découlé en référence aux consultations de Montreux, tenues du 7 au 9 septembre en Suisse, soulignant que ces discussions ont balisé le terrain pour une «phase préparatoire» à une solution globale en Libye en crise depuis 2011. Par ailleurs, dans son discours, il est revenu sur le bilan de son Gouvernement d’union nationale, installé dans la capitale à l’issue de l’accord de Skheirat en 2015. «Nous n’avons pas travaillé dans des conditions normales. Nous étions la cible de complots internes et venant de l’étranger», a-t-il affirmé.
L’ONU salue la décision de Fayez al-Sarraj
L’ONU a salué avant-hier la «décision courageuse» du chef du Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen, Fayez al-Sarraj, de démissionner d’ici la fin octobre. Stephanie Williams, représentante spéciale par intérim du Secrétaire général des Nations unies en Libye, a estimé dans un communiqué que cette annonce «intervient à un tournant décisif dans la crise libyenne de longue date, au moment où il est clair que la situation n’est plus tenable», a-t-elle ajouté.
«Il incombe désormais aux parties libyennes concernées d’assumer pleinement leurs responsabilités devant le peuple libyen, de prendre des décisions historiques et d’accepter des concessions mutuelles pour le bien de leur pays», a poursuivi le communiqué.
Minée par l’insécurité et les luttes d’influence qui ont exacerbé le peuple libyen épuisé par plusieurs années de conflits et une impasse politique depuis 2014, la Libye enregistre depuis des semaines des manifestations notamment pour dénoncer le coût de la vie, la détérioration des services publics et des conditions de vie, les coupures d’électricité, la défaillance des hôpitaux en plein pandémie de Covid-19, la corruption et la vertigineuse hausse des prix du carburant dans un pays à fortes réserves pétrolière mais qui demeure frappé par le blocus pétrolier imposé mi-janvier dernier par le maréchal Khalifa Haftar.
Lynda Naili