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jeudi 30 mars 2023

Fardeau

Au début de l’année 2017, l’équipe de campagne du candidat à la présidentielle Emmanuel Macron était très fière de pouvoir annoncer que le président du MoDem, François Bayrou, se rangeait derrière l’ex-ministre de l’Économie de François Hollande. Mais aujourd’hui cette alliance est source d’embarras pour l’exécutif, alors que le MoDem se voit emporter dans la tourmente judiciaire. Après quatre ans d’investigations, la police anticorruption a conclu dans un rapport que le parti centriste a mis en place un «système ancien et plus ou moins informel» de détournement des fonds européens pour salarier ses employés. Dans cette affaire, François Bayrou et plusieurs ex-eurodéputés sont mis en examen depuis fin 2019. «J’affirme, une fois de plus, que ces accusations sont malveillantes et que ces allégations sont fausses. Et cela sera prouvé», a réagi mercredi sur Twitter le président du MoDem lors de la publication par «Le Monde» d’extraits de ce rapport de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff), chargé de cette affaire de soupçons d’emplois fictifs d’assistants d’eurodéputés. À un an de la présidentielle, la révélation de cette synthèse de 29 pages, après presque 18 mois de poursuite discrète des investigations depuis la mise en examen du maire de Pau, remet en lumière un dossier embarrassant pour le MoDem, principal allié du président français. Dans ses conclusions, datées du 14 avril et consultées par l’AFP, l’Oclciff estime que «pour faire vivre son parti et assurer son fonctionnement à moindre coût, François Bayrou et Marielle de Sarnez, épaulés par les cadres du parti, ont mis au service de l’UDF puis du MoDem des assistants parlementaires rémunérés par le Parlement européen». Les policiers anticorruption décrivent «un système ancien et plus ou moins informel qui ne reposait pas sur une méthode monolithique et systématique». «Il évoluait au fil du temps et relevait de l’opportunité des situations tout en respectant un budget déterminé», est-il écrit. Les enquêteurs expliquent que «les collaborateurs parlementaires détournés disposaient d’un contrat de travail à temps partiel avec le parti et un autre avec l’élu européen, endormant ainsi la vigilance des services du Parlement européen». Cette méthode rendait «très malaisés d’éventuels contrôles ou vérifications» sur la réalité du travail des assistants d’eurodéputés, puisqu’ils exerçaient «ces doubles emplois» en étant «physiquement situés dans les locaux de l’UDF et du MoDem» à Paris. Le rapport évalue le préjudice du Parlement européen à 1,4 million d’euros. Il intègre toutefois dans ce chiffre l’intégralité (400 000 euros) de la rémunération des assistants ayant tout de même partiellement travaillé pour les eurodéputés, souligne son auteur. Reste à voir comment ces révélations influeront sur les relations entre la Présidence et le MoDem qui, à moins d’un an de la présidentielle, pourrait devenir un fardeau pour la prochaine campagne du président français, lequel, malgré des sondages très positifs pour le moment, devra éviter tout faux pas d’ici à avril 2022.

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