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vendredi 31 mars 2023

Faillite de SVB, la peur de la contagion

La faillite de la Silicon Valley Bank, jusque-là la 16e banque américaine, est la deuxième plus grande faillite bancaire de l’histoire des Etats-Unis depuis celle de Washington Mutual survenue au début de la crise des subprimes en 2008, qui s’était vite développée en crise financière mondiale. Mais en 2008, ce n’est pas la faillite de Washington Mutual, une banque commerciale de facture classique, qui a le plus retenu l’attention, mais celle de Lehman Brothers, une banque d’investissements de tout premier plan, symbole à elle seule des mutations intervenues dans le système bancaire. Il se trouve que celle qu’on n’appelle plus que par ses initiales SVB, un établissement qui de son vivant n’était pas une célébrité comme Lehman Borthers, non plus n’était pas une banque comme une autre, quoiqu’elle soit en ce qui la concerne une véritable banque commerciale, la réception des dépôts et l’octroi des crédits constituant l’essentiel de son activité. Sa particularité tenait au fait qu’elle s’était spécialisée dans le financement des startup technologiques et autres entreprises vouées à l’innovation, dans le domaine du vivant et celui du climat. Sa réputation était grande dans ces secteurs de l’économie, aux Etats-Unis bien sûr mais également ailleurs, en Grande-Bretagne notamment.

Il est important de souligner ce trait caractéristique parce que ce serait d’une part à lui qu’elle doit sa banqueroute, suivant une opinion dominante, et de l’autre à une erreur fatale qu’elle aurait commise, du temps où les taux d’intérêt étaient très bas, quasiment nuls, et qu’elle s’était alors gavée de toutes sortes d’obligations. Puis l’inflation est arrivée et la hausse des taux d’intérêt pour la juguler. Aux Etats-Unis, pendant plusieurs années, le taux directeur de la FED a frisé le zéro, puis, en quelques mois seulement, il a dépassé les 4%. Tout récemment encore, la FED annonçait qu’elle allait l’augmenter à un rythme plus rapide que précédemment, l’inflation se montrant plus intraitable que prévu. C’est sur ces entrefaites que la SVB a rendu l’âme, elle qui l’instant d’avant semblait en bonne santé. En réalité, elle était assise sur ce qu’en langage financier américain on appelle «unrealized losses», son portefeuille d’obligations ayant beaucoup perdu de sa valeur pour cause de hausse des taux d’intérêt. Taux d’intérêt et prix des obligations sont en raison inverse les uns des autres. Il ne restait plus qu’une seule chose, que cela se sache. C’est elle-même qui sans le vouloir va donner l’alerte à ses clients, en vendant, à perte forcément, un paquet de ses obligations, pour être à même de répondre aux demandes de liquidité de ses clients. Il n’en fallait pas plus pour déclencher le coup fatal qui va l’emporter : ses clients venus en masse retirer leur argent de peur de ne pouvoir le faire plus tard. Aucune banque ne peut résister à l’assaut de ses clients pris de panique. Voyant cela, les autorités de régulation prennent son contrôle et la déclarent en faillite, le tout dans la journée même de vendredi, une première dans l’histoire. Il est de règle en effet qu’en pareil cas d’attendre que la semaine se termine avant de prendre les décisions douloureuses qui s’imposent. C’est qu’il y avait urgence. Les régulateurs ont eu peur que la même ruée des clients se produise ailleurs, au niveau d’autres banques, et qu’ils soient alors débordés, ne sachant où donner de la tête, incapables d’arrêter l’effondrement du système bancaire américain.

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