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mercredi 22 mars 2023

Expulsion

L’idée, en France, d’expulser les familles de délinquants de leur logement social n’est pas nouvelle. Cela fait, en effet, plus de dix ans que la droite évoque cette possibilité qui serait selon ses défenseurs une méthode pour pousser les parents à prendre en main leurs enfants avant que ceux-ci ne tombent dans la délinquance. Une idée qui a été étrillée par la gauche qui considère qu’en plus d’être inefficace, bien que jamais sérieusement mise en place, elle était également raciste. Aujourd’hui, alors que les phénomènes de violences sont en constante augmentation dans l’Hexagone, le ministre de l’Intérieur veut «généraliser» l’expulsion des familles de délinquants de leur logement social quand ces familles ont été défaillantes. Gérald Darmanin précise, toutefois, qu’il convient d’écarter de cette sanction les familles en difficulté, comme les familles monoparentales. Une mesure qui, à n’en pas douter, est faite pour plaire à l’aile droite de la macronie. Pour son aile gauche, par contre, ce type de mesures et celle-ci en particulier sont désastreuses. Le président de la commission des lois à l’Assemblée Nationale, Sacha Houlié, du mouvement Renaissance (ex-La République en Marche), a jugé hier ni «constitutionnelle ni souhaitable» la proposition de Darmanin. «Les peines, elles sont individuelles : on est puni pour ce qu’on a fait et on n’a pas besoin d’étendre des peines à la famille ou à des personnes qui sont des tiers qui ne sont pas responsables de l’infraction qui a été commise», a estimé le député de la majorité. Interrogé, par ailleurs, sur les propos du ministre qui avait indiqué vouloir rendre «impossible» la vie des étrangers faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), Sacha Houlié a estimé que «si on parle d’étrangers qui commettent des actes de délinquance, oui pour eux il faut pouvoir rendre leur vie impossible, les expulser». «Si on parle des travailleurs, c’est-à-dire ceux qui vous servent dans les restaurants, ceux qui sont des médecins, ceux qui sont des infirmiers, des ingénieurs, eh bien, je pense que pour ces personnes qui ont des renouvellements de titres – qui peuvent être […] difficiles et qui peuvent donner lieu à des obligations de quitter le territoire –, là, on pourrit la vie de gens qui rendent service à la nation française, qui sont souvent intégrés», a également fait valoir Sacha Houlié. «Et donc, je dis ne mettons pas tout le monde dans le même sac, faisons le tri entre ceux qui méritent d’être expulsés et ceux qui rendent service à la nation française en remplissant des tâches qu’aujourd’hui personne ne veut remplir, dans les métiers en tension», a poursuivi Sacha Houlié, appelant «pour ceux-là», à leur rendre «plutôt la vie plus facile». L’on voit bien que dans le camp présidentiel les deux camps, issus de la gauche et de la droite, s’affrontent sur les sujets régaliens et de société. Jusqu’à aujourd’hui, le camp de droite avait une légère avance sur le régalien, alors que le camp de gauche avait la main sur le sociétal. Mais les dissensions risquent de se faire sentir encore plus dans les mois et années à venir. Lors du dernier mandat d’Emmanuel Macron, déjà de nombreuses personnalités avaient quitté LREM pour rejoindre la gauche ou la droite, ne se sentant pas à l’aise dans le parti présidentiel qui tente constamment de naviguer sur une très fine ligne de crête.

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