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samedi 25 mars 2023

Exaspération

La Chine, foyer supposé mais très probable du Covid-19 qui a frappé la planète il y a un peu plus de deux ans, a été l’un des pays qui a pris les mesures les plus radicales pour combattre l’épidémie. L’économie du pays et par conséquent du monde, la communauté internationale dépendant très fortement de l’industrie chinoise, a connu en conséquence de nombreuses perturbations et d’immenses pertes. Mais Pékin était, et est toujours, visiblement prêt à ces sacrifices en échange d’une mortalité et contagiosité basses. Toutefois, la politique chinoise n’est pas exempte de reproche de la part notamment de l’Organisation mondiale de la santé. La Chine a d’ailleurs décidé de censurer cette semaine les propos du patron de l’OMS, après qu’il a publiquement critiqué la politique zéro Covid prônée par les dirigeants communistes. Car si les restrictions liées au Covid-19 sont levées un peu partout dans le monde, le pays asiatique, aux prises avec une flambée épidémique, continue d’imposer confinements et quarantaines dès l’apparition de quelques cas. Couplée à la quasi-fermeture des frontières et à une connectivité aérienne internationale réduite, cette politique suscite une exaspération croissante en Chine. Notamment à Shanghai (Est), dont les 25 millions d’habitants, confinés depuis début avril, se plaignent de problèmes d’approvisionnement et craignent d’être envoyés dans des centres de quarantaine au confort aléatoire. Dans ce contexte, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a estimé, mardi, dans des propos inhabituellement critiques envers la Chine, que la politique zéro Covid n’était «pas soutenable». «Passer à une stratégie différente est très important», a-t-il souligné. Le zéro Covid étant fermement défendu par les plus hauts dirigeants communistes, notamment le Président Xi Jinping, les censeurs sont vite intervenus pour contrer la diffusion de ces propos. Sur le site de microblog Weibo, les mots-dièse #Tedros et #OMS ne donnaient hier plus aucun résultat. Quant aux utilisateurs de l’ultrapopulaire réseau social WeChat, ils ne peuvent pas republier ou transférer un article du compte officiel de l’ONU, publié sur la plateforme et qui mentionne les critiques du patron de l’OMS. Discuter en ligne du sujet avec un de ses contacts ou envoyer sur son mur WeChat des captures d’écran d’articles ou de tweets mentionnant ces propos reste toutefois possible. De son côté, la presse chinoise est toujours silencieuse. L’ex-rédacteur en chef du tabloïd nationaliste «Global Times», Hu Xijin, très influent sur internet, juge toutefois les critiques de l’OMS «sans importance». «S’ils disent que la méthode chinoise n’est pas soutenable, ils devraient en avancer une qui soit plus efficace et soutenable. Mais ils n’en donnent aucune !», écrit-il à ses 24 millions d’abonnés sur Weibo. «L’OMS n’assumera aucune responsabilité si la Chine assouplit sa politique sanitaire et si beaucoup de gens meurent». L’abandon du zéro Covid pourrait entraîner 1,6 million de morts dans le pays, selon une étude de chercheurs de l’université Fudan à Shanghai, publiée mardi dans la revue Nature. L’inquiétude est ainsi généralisée en Chine où la crainte d’un retour à la normale s’ajoute à celle de ne plus jamais vivre comme par le passé. Mais c’est surtout la situation économique du pays qui inquiète au-delà des frontières, tous les pays qui dépendent de l’industrie chinoise et qui voient depuis plus de deux ans leurs propres économies souffrir de la politique adoptée par Pékin.

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