La coalition présidentielle Ensemble ! et le parti de l’union de la gauche Nupes ont réalisé des scores similaires au premier tour des élections législatives, en obtenant 26 % des voix ce dimanche. Et si du côté de la gauche l’on crie victoire, du côté de l’Élysée l’on contient difficilement son inquiétude de voir le mandat échapper au président élu. Car si la Nupes confirme et améliore ses résultats la semaine prochaine au second tour, Emmanuel Macron pourrait bien devenir le premier président fraichement élu sans majorité parlementaire et donc sans pouvoir. L’autre résultat à retenir c’est le nouvel échec du Rassemblement National à se positionner comme une véritable force d’opposition et qui arrive donc à la troisième place avec un score approchant les 19 %. Un record toutefois pour l’ex-parti frontiste. Marine Le Pen a jugé possible d’envoyer «un groupe très important» du RN à l’Assemblée Nationale, une première depuis 1986. Le mode de scrutin ne lui étant pas favorable, son futur groupe ne devrait toutefois pas excéder les 45 sièges selon les projections. En quatrième position, et loin derrière, arrive le parti de droite Les Républicains avec 10 % seulement. La droite traditionnelle qui espérait se refaire une santé après sa très mauvaise prestation lors de la présidentielle aura vu ses espoirs de victoire douchés par les électeurs. Le nouveau parti d’Éric Zemmour, Reconquêtes!, lui, aura connu une réelle déception dimanche en récoltant moins de 5 % et en ayant ses grandes têtes d’affiches éliminées dès le premier tour. Zemmour lui-même, qui s’était pourtant présenté dans une circonspection plutôt très à droite, n’a pas réussi à sauver la face. Ainsi, le grand duel de dimanche prochain entre la coalition présidentielle et la Nupes sera au centre de l’attention générale. Pour les deux camps, l’enjeu sera de toute évidence celui de la mobilisation. Moins d’un électeur sur deux s’est rendu aux urnes dimanche. L’abstention a battu un nouveau record pour se situer à 52,49 %, selon les chiffres officiels. Elle est légèrement plus forte qu’il y a cinq ans lorsqu’elle avait atteint la barre des 51,3 %. Le rebond de la participation (26,3 % d’abstention au premier tour) observé lors de la présidentielle d’avril aura été de courte durée. Un statu quo au second tour aurait tendance à favoriser la coalition présidentielle. «Nous avons une semaine pour convaincre et obtenir une majorité forte et claire», a déclaré Élisabeth Borne dimanche soir. «À toutes celles et ceux qui se sont abstenus, je veux dire ce soir de croire dans la force de leur vote et de faire entendre leur voix dimanche prochain», a-t-elle ajouté. La Nupes, en revanche, aura besoin d’un important sursaut de la mobilisation pour espérer l’emporter. Jean-Luc Mélenchon ne s’y est d’ailleurs pas trompé en appelant les électeurs à «déferler» lors du second tour. «J’appelle notre peuple, au vu de ces résultats et de l’opportunité extraordinaire qu’elle présente pour nos vies personnelles et pour le destin de la patrie commune, à déferler dimanche prochain, pour rejeter définitivement les projets funestes de la majorité de M. Macron». Reste à voir si La France Insoumise réussira grâce au levier du reste de la gauche à enfin accéder au pouvoir, ou si les Français préféreront donner à leur président élu le pouvoir de mettre en place son programme. Surtout que du côté de la Nupes la satisfaction semble excessive lorsque l’on voit qu’en 2012 le parti socialiste, seul, obtenait au premier tour 40 %.