Les démocrates américains ne sauront certains d’en avoir fini avec Donald Trump, en lequel ils voient la plus grande menace à la fois pour leur courant de pensée et pour leur pays, probablement pire que celle que représentent la Russie et la Chine réunies au plan international, que s’ils remportent les élections de mi-mandat de novembre prochain. Encore faut-il pour cela que cette victoire leur permette non seulement de contrôler les deux chambres, mais d’y détenir une majorité marquée, suffisante pour balayer les obstacles auxquels leurs adversaires républicains s’ingénieront à dresser sur leur chemin. Du temps où leur ennemi numéro 1 était au pouvoir, leurs chefs de file manquaient rarement une occasion de diminuer de son importance, attirant notamment l’attention du public sur ceci qu’il ne peut être tenu pour la cause de ce qui arrive mais seulement un effet. Il y a longtemps qu’ils ont changé sur ce point, et qu’ils voient en lui la cause première des maux actuels.
C’est à peine s’ils ne le tiennent pas directement responsable des tueries de masse, qui surviennent périodiquement, et dont le dernier s’est produit avant-hier, le 4 juillet, le jour de l’Indépendance, ou qu’il ne lui impute pas l’inflation, et par la même occasion l’annulation par la Cour suprême du droit à l’avortement. L’idéal pour eux, ce serait qu’ils parviennent, en mettant à contribution les témoignages faits devant la commission parlementaire enquêtant sur les événements du 6 janvier 2021 ayant conduit à l’envahissement du Capitole, à le traîner devant un tribunal sur des motifs d’ordre criminel. Le dernier de ces témoignages, celui d’une ex-collaboratrice à la Maison-Blanche, Cassidy Hutchinson, a comporté des révélations, qui si elles étaient avérées seraient effectivement de nature à leur faire obtenir sa mise en accusation, et ce qui serait encore mieux, sa condamnation, en dépit du précédent représenté par le deuxième procès en destitution, qui l’avait innocenté dans des faits analogues à ceux que la commission parlementaire s’efforce pour l’heure d’établir contre lui. A moins de cela, ils courent le risque de perdre les élections de novembre prochain, une défaite dont ils pourraient bien ne jamais se relever. Une victoire des républicains, du reste le scénario le plus probable, d’autant qu’il est de tradition que le camp présidentiel perde à cette occasion, augurerait entre autres du retour de Trump à la Maison-Blanche, ce qui serait pour eux une catastrophe. Les Etats-Unis sont depuis quelques mois engagés dans une guerre par procuration contre la Russie. Une défaite en Ukraine, quelque chose d’ailleurs de tout à fait probable, aurait sans doute des conséquences néfastes sur leur leadership dans le monde. Ses effets ne seraient pourtant pas, tout au moins dans un premier temps, aussi graves pour les démocrates qu’une défaite électorale devant le camp qui dans sa grande majorité continue de voir en Trump son chef de file. On a pu croire que la polarisation politique ayant amené Trump au pouvoir allait refluer, que celui-ci en soit la cause ou seulement l’effet, puisqu’il avait échoué à se faire réélire en 2020. Ce n’est pas du tout ce qui s’est passé pendant ces deux dernières années. Bien au contraire, la polarisation s’est accrue au lieu de s’atténuer, comme en attestent notamment les décisions prises par la Cour suprême, où grâce aux trois nominations faites par Trump, les juges hyper conservateurs sont majoritaires.