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jeudi 28 mars 2024

Etats-Unis, c’est le fonds qui manque le moins

Avant de se rendre à Rome pour prendre part au G20, Joe Biden aura tout fait pour faire voter son plan de dépenses sociales et environnementales, mais en vain, pris qu’il est entre deux exigences au sein des démocrates du Congrès, l’une de gauche, et l’autre de droite. Ni ses efforts ni ceux de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants, ne sont parvenus à les faire converger. Il aurait voulu s’envoler pour l’Europe rassuré à la fois sur le vote de plans de dépenses déterminants pour la suite de son mandat, qui n’a pas encore bouclé sa première année, et sur sa capacité à rester pleinement maître de la situation, d’autant que les élections de mi-mandat sont dans une année. Cela n’a pas été le cas. C’est un président quelque peu affaibli qui est arrivé à Rome, même si les deux plans de dépenses, le premier portant sur les dépenses sociales, voulues par la gauche de son camp, sans l’appui de laquelle il n’aurait pas été en novembre dernier, en même temps que sur l’urgence climatique, et le second sur les infrastructures, même si à première vue il n’y parait pas, et que la bataille n’est pas encore perdue pour lui.

Il n’y a qu’en Amérique, et dans une moindre mesure dans les pays de l’OCDE, que les plus grands obstacles à surmonter aujourd’hui ne sont pas dans le financement des projets, aussi gigantesques qu’ils puissent être, mais dans le soutien politique qu’il faut leur trouver pour les transformer en lois contraignantes. La Maison- Blanche à dû faire des coupes sombres dans le plan social et climatique pour satisfaire deux sénateurs dits modérés, en fait de droite, qui le trouvant trop dispendieux menaçaient de voter le moment venu contre lui. Avec un Sénat rigoureusement fifty-fifty (50 voix démocrates versus 50 républicaines) la défection d’un seul démocrate suffirait à tuer le projet, et par là même occasion le mandat de Biden. Dans sa première mouture, le plan devait coûter 3,5 trillions de dollars. Il a été ramené à 1,7 trillion, mais alors c’est l’aile gauche (bien plus présente dans la Chambre que dans le Sénat, où tout de même est à l’œuvre Bernie Sanders) qui l’a mal pris. Elle ne dit pas clairement que sous sa forme amaigrie, elle ne le votera pas, mais qu’elle ne votera l’autre plan de dépenses, celui relatif à l’urgence climatique, déjà passé au Sénat quant à lui, que si les deux plans viennent en même temps à la Chambre des représentants. Mieux, que dans la mesure où le dispositif juridique à même de le traduire dans la réalité est constitué, est prêt dès lors à l’emploi. C’est dire si la confiance règne entre les deux ailes. Jusqu’à présent, la Maison-Blanche a fait des concessions importantes à la droite mais pas à la gauche, encore qu’elle ait augmenté les taxes sur les grandes entreprises, ainsi que les impôts sur les hauts revenus, ce qui est de nature à plaire à cette dernière. La gauche craint qu’une fois qu’elle a voté les deux plans, l’exécutif n’ait rien de plus pressé que de vider de sa substance celui qui l’intéresse au premier chef. A la Chambre des représentants, les démocrates ont une avance de huit sièges seulement sur les républicains. Pour faire passer ses deux projets, Joe Biden a besoin absolument de toutes les voix de son camp. Il lui faut de plus compter au Sénat sur les manœuvres dilatoires des républicains, ce qu’on appelle le «filibustering», une pratique dans laquelle beaucoup de sénateurs américains sont très rompus. Bien des lois, qui plus est, n’y sont pas adoptées à une majorité simple, c’est-à-dire à 51 voix, mais à 60, ce qui ne facilite rien. La grande réputation de Biden, c’est qu’il n’a pas d’égal dans son camp pour passer des compromis avec les républicains. Le problème, en l’espèce, c’est que ce n’est pas avec les républicains qu’il faut trouver un terrain d’entente, mais avec les deux camps d’un même parti, que tout sépare, sauf leur commune détestation de Donald Trump.

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