A la tribune de la Ligue arabe à Djeddah le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est composé un visage fermé pour dire leurs «vérités» à ceux des Arabes qui sans rien montrer n’étaient en réalité pas contents de le voir parmi eux sans en être aucunement avertis. La première, c’est qu’ils préfèrent regarder ailleurs plutôt que de porter leurs yeux sur les souffrances de son peuple agressé par la Russie, un pays toujours ami pour eux. La seconde est que parmi ceux-là il s’en trouve qui dépendent de nous pour ce qui est de leur alimentation. Aucune de ces remarques n’est diplomatique, mais la deuxième tend à blesser ceux sur qui elle est lancée. Pour le moment tout est en train de réussir à Zelensky. Après une tournée en Europe, et une virée à Djeddah, il est pour l’heure à Hiroshima au Japon pour un G7, le cercle d’amis par excellence. Tout ce qu’il demande il finit par l’obtenir d’eux. Il a voulu des chars, il les a obtenus. Des Patriot ? C’est déjà fait. Des missiles longue portée ? Ils sont en chemin, certains même déjà sur place. Des avions F-16 ? Il est en train de les avoir.
Il y avait un obstacle, le feu vert de l’administration américaine, il est maintenant levé, sinon totalement du moins dans le principe. La dernière bonne nouvelle pour lui étant que Joe Biden autorise que des pays tiers forment sur les F-16 des pilotes ukrainiens. Le président américain parlant en privé n’a pas dit qu’il était d’accord pour que des
F-16 appartenant à d’autres pays que le sien soient livrés à l’Ukraine, mais qu’il ne voyait pas d’inconvénient à ce que ces mêmes pays forment des pilotes ukrainiens sur ces avions de fabrication américaine. La différence semblerait de taille pour tout autre que les Ukrainiens et les Européens, d’autant qu’il y a une question de timing en l’espèce. Alors qu’il faut des mois pour former un pilote, la contre-offensive ukrainienne quant à elle est censée commencer au plus tard dans des semaines. Cette offensive ayant déjà été retardée une première fois, faut-il s’attendre à un deuxième report ? Il ne serait pas étonnant en effet que de retour du Japon, ou dans quelque temps, Zelensky fasse savoir aux alliés que plus soucieux que jamais de faire couler le moins possible le sang ukrainien, il a décidé de reporter de plusieurs mois la contre-offensive, dans l’attente justement des F-16 qu’ils se sont engagés à livrer, et qui seuls seront à même d’apporter la couverture aérienne indispensable dans un assaut comme celui qui se prépare. Les alliés ne diront pas qu’on les a trompés, que ce n’était sur cela qu’ils s’étaient entendus, que ce qui était convenu c’était de lancer l’offensive d’abord, et qu’ensuite seulement viendraient les avions. Qu’entre-temps, il y avait en plus des avions à fournir, des pilotes à entraîner, et toute une logistique à mettre en place. Que tout cela prendra du temps, un temps que la contre-offensive elle de toute façon n’a pas. S’il fallait six mois pour former un pilote, est-ce à dire qu’il faudrait reporter de six mois ? Vous n’y pensez pas. Mais dans six mois, on sera de nouveau en plein dans la mauvaise saison, avec la raspoutitsa qui rendra impossible toute avancée vers les lignes
russes ! Si c’est le report d’une année que vous cherchez à nous imposer, il faut nous le dire, il faut jouer cartes sur table entre alliés.