Incapable, du fait de son incroyable impopularité, de se présenter à sa propre succession à la fin de son mandat, l’ex-président français, François Hollande, qui a dirigé la France entre 2012 et 2017, ne manque jamais, depuis sa retraite forcée, de critiquer celui qui l’a remplacé au palais de l’Élysée. Emmanuel Macron, qui fut son ministre de l’Économie, est très régulièrement la cible d’attaques de son prédécesseur qui ne rate aucune occasion de pointer du doigt ses défaillances. Cela avait débuté avec la crise des «gilets jaunes», fin 2018, et se poursuit à ce jour. Le mouvement d’opposition à la réforme des retraites est par ailleurs une parfaite opportunité pour l’ancien président de tirer à vue sur le gouvernement et le chef de l’État. À ses yeux, le gouvernement a ainsi, sans surprise, multiplié les «erreurs». Dans une interview accordée à BFMTV dimanche, Hollande s’est montré particulièrement mordant à l’égard de Macron et son gouvernement. Ce dernier ayant usé sans parcimonie de l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer son projet de loi en force. Le discours d’Emmanuel Macron mercredi dernier ayant fini d’agacer les acteurs sociaux. «Sans doute, il y a eu une accumulation d’erreurs», a jugé l’ancien président de la République, qui s’inquiète d’observer un «niveau de colère et de ressentiment comme rarement il en a connu», après la mobilisation repartie à la hausse, jeudi dernier, partout en France. Pour expliquer cette situation, François Hollande a listé les fautes qu’il attribue à son successeur ainsi qu’au gouvernement d’Élisabeth Borne. Première erreur : le timing. Cette réforme intervient «au pire moment, dans un contexte d’inflation forte, de pouvoir d’achat forcément amputé et d’inquiétude parce qu’il y a une guerre en Ukraine», juge l’ancien chef d’État. Le socialiste tape aussi sur le contenu même de la réforme : «Quand vous proposez une réforme des retraites qui demande des efforts à ceux qui ont travaillé dur et tôt et rien à ceux qui ont les revenus les plus élevés, c’est aussi un contresens». Pour finir, l’ex-dirigeant du PS critique aussi une «erreur de communication», déplorant que le président ait préféré discuter avec Les Républicains plutôt qu’avec les syndicats. Ces mêmes syndicats qu’il a épinglés lors de sa prise de parole mercredi, ajoutant de l’huile sur le feu : «On attendait le président de la République afin qu’il puisse apaiser la situation et il l’a exacerbée avec en plus des mots désagréables pour les leaders de la CFDT». Dans la dernière année de son mandat, François Hollande a aussi connu la colère de la rue, lors de manifestations hostiles à la loi travail connue aussi comme la «loi El Khomri». Pour être adoptée, l’article 49.3 de la Constitution avait été dégainé à deux reprises par Manuel Valls, Premier ministre de l’époque. Malheureusement pour Hollande, il n’avait pas réussi, lorsqu’il était lui-même en place, à s’appliquer ces bons conseils et son mandat est, d’après un consensus général, considéré comme le pire de la Ve République. Toutefois, cela ne veut pas dire que ses critiques ne sont pas valides et il n’est pas le seul à estimer que la façon qu’a le gouvernement de vouloir imposer de toute force la réforme des retraites pourrait bien créer des tensions sociales sur le long terme. Surtout que plutôt que de faiblir la mobilisation tend à fluctuer depuis plusieurs mois et est, en ce moment, en train d’augmenter à chaque nouvelle journée de mobilisation.