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vendredi 19 avril 2024

Erdogan et l’AKP garderont-ils le pouvoir ?

Des élections en Turquie ne sont jamais dénuées d’intérêt pour le reste du monde, même si bien entendu elles sont suivies avec une plus grande attention dans son environnement immédiat. Celles qui se tiendront demain 14 mai, une présidentielle doublée de législatives,  revêtent une plus grande importance encore, et cela pour au moins deux raisons, qui ont ceci de commun  qu’elles ne sont pas ordinaires. La première tient à l’incertitude entourant leur issue ; la seconde au fait que le président sortant, si cela se dit s’agissant de Recep Tayyip Erdogan, peut cette fois-ci ne pas être reconduit dans ses fonctions. Si à l’inverse sa réélection était acquise d’avance, ces élections générales perdraient beaucoup de leur intérêt, aux yeux du reste du monde toutefois, cependant pas tout intérêt, parce que la victoire certaine d’Erdogan n’implique pas automatiquement celle de l’AKP son parti, qui déjà lors des dernières législatives, celles de 2018, avait cessé d’être  majoritaire au sein de l’Assemblée. Cette éventualité n’est pas une simple vue de l’esprit, puisqu’elle  s’appuie sur les sondages, qui donnent un avantage croissant à l’approche du jour J au principal adversaire d’Erdogan, Kemal Kiliçdaroglu, le chef du Parti républicain du peuple, candidat unique d’une coalition assez hétéroclite de 6 formations, dite la Table des 6.  Suivant le dernier de ces sondages, le candidat kémaliste dépasserait Erdogan de près de 5 points, une avance susceptible de le faire élire dès le premier tour, ce qui le cas échéant équivaudrait à un séisme politique. Ou alors à un coup d’Etat, pour reprendre la déclaration du ministre de l’Intérieur, pour qui voter pour l’opposition, c’est  se rendre coupable ou complice d’un coup d’Etat. On ne sait trop d’ailleurs comment le prendre. On tend à y voir l’annonce d’un refus de la sanction des urnes si d’aventure elle n’est pas en faveur du pouvoir actuel. Mais on peut tout aussi bien y lire l’expression d’un constat, l’opposition à Erdogan et à l’AKP ayant pour principal  engagement électoral le rétablissement du régime parlementaire, abandonné suite au référendum constitutionnel de 2017, un résultat obtenu alors à une faible majorité. Lorsque le pouvoir actuel procédait à cette réforme, passant du régime parlementaire au régime présidentiel en vigueur aujourd’hui, l’opposition avait bien à ce moment parlé de coup d’Etat. Le retour au régime parlementaire est d’ailleurs la seule chose qui soit certaine dans le programme de l’opposition. On sait que sur ce point du moins, elle ferait ce qu’elle dit qu’elle ferait, si bien sûr elle remportait à la fois la présidentielle et les législatives, encore faut-il qu’elle remporte ces dernières avec une forte avance. Pour tout le reste on ne voit pas bien ce qu’elle ferait de différend par rapport au pouvoir actuel. Comment lutterait-elle contre l’inflation par exemple, l’une des plus élevées au monde, frôlant les 50% ? Si Erdogan doit perdre, ce sera d’abord parce que son gouvernement  a échoué à la faire baisser, à la ramener à un niveau tolérable. Cette question est celle qui compte le plus aux yeux des électeurs, du moins de leur majorité. C’est que lutter contre l’inflation, c’est lutter contre la paupérisation qu’elle entraine, un processus en cours depuis des années en Turquie, que le régime Erdogan n’a pas su enrayer.

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