Les contaminations au coronavirus ont beaucoup baissé ces dernières semaines.
Elles sont passées sous la barre des 200 cas par jour. Toutefois, le risque persiste en raison
d’un relâchement flagrant constaté dans différentes régions du pays.
Par Aomar Fekrache
De nombreux citoyens manifestent un laisser-aller inquiétant, alors que le danger est, tout compte fait, persistant. Si d’un côté, les autorités publiques ont pris de nombreuses mesures depuis l’apparition des premiers cas fin février dernier, d’un autre côté, certains citoyens font semblant d’ignorer le danger et ferment les yeux sur les moindres mesures d’hygiène et de distanciation sociale.
Faut-il citer le cas de ces citoyens munis de bavettes, qu’ils rangent, pour la plupart d’entre eux, dans leurs poches. «J’ai toujours un masque avec moi, c’est pour le cas où je dois me rendre à la poste, dans un commerce ou prendre un transport public», nous dira Nabil, jeune diplômé de la formation professionnelle, rencontré à Belcourt (Alger). Il n’est d’ailleurs pas le seul à porter le masque pour éviter les «ennuis» et non pour se protéger. A Alger, à titre d’exemple, des milliers de PV ont été établis par des policiers contre des individus ne portant pas de masque dans les lieux publics. Des commerces ont été fermés pour infraction aux règles d’hygiène en ces temps de crise. Mais la force publique ne peut tout contrôler. Entre amis et voisins, rares sont ceux, surtout parmi les jeunes, qui mettent leur masque. Certains se touchent la main, se font la bise et ne respectent aucunement les règles de prévention contre le virus. Au centre d’Alger, malgré la relative intransigeance des services de sécurité et des contrôleurs de la direction du commerce, les mesures et autres protocoles sanitaires sont souvent bafoués. Faut-il citer le cas des magasins de vêtements qui interdisent l’accès de plus de trois ou cinq personnes à l’intérieur de crainte de sanctions. Mais à l’entrée de ces mêmes commerces une foule compacte attend, impatiemment et dans le désordre, son tour pour accéder. Dans les grands marchés, la situation est encore plus inquiétante. Le constat est le même pour certains fast-foods qui ne prennent pas la peine d’organiser leur clientèle, le plus important étant de vendre. Accuser les commerçants tout en occultant la responsabilité du citoyen n’est certes pas judicieux. Sur la ligne Hydra/Alger-Centre, le receveur d’un bus de transport urbain a dû faire la remarque à plusieurs usagers qui ne portaient pas correctement leurs bavettes. L’un d’entre eux a refusé catégoriquement de la mettre. Le chauffeur n’a pas hésité à s’arrêter devant un barrage de police, a-t-on constaté, il y a quelques jours. Le passager «rebelle» avait pour argument quant à sa mauvaise conduite la surcharge du bus, «ce qui rend le port du masque inutile». Une situation qui ne devrait pas se produire, d’autant que des mesures ont été prises dès le début de l’épidémie dans le but de casser la chaîne de transmission du virus. A l’apparition des premiers cas de contamination au Covid-19 en Algérie, fin février dernier, des mesures ont été annoncées à partir du 10 mars. Le 23 mars, un confinement total de la wilaya de Blida a été décidé, ainsi qu’un confinement partiel de la capitale de 19h à 7h du matin, avec interdiction de tout rassemblement de plus de deux personnes et la fermeture, entre autres, des salles des fêtes, de célébrations, de festivités familiales, des cafés, restaurants et magasins. Des mesures étendues à d’autres wilayas avant qu’un assouplissement ne soit enclenché selon la situation épidémiologique prévalant dans chaque région. Mais entre le laisser-aller des uns et le laisser-faire des autres, c’est l’épidémie qui risque de se propager à nouveau. Ça et là, des fêtes de mariages sont célébrées, avec cortèges, zorna et fumigènes. Les services de police ont sévi à de nombreuses reprises, mais cela ne semble pas dissuader certaines personnes.
Tout compte fait, une communication plus percutante et une application plus rigoureuse de la loi sont nécessaires afin de prévenir un sérieux risque de voir le nombre de contaminations augmenter de nouveau.
A. F.