Surcharge des classes, manque de moyens pour assurer la protection des élèves et du personnel de l’éducation, le climat de cette rentrée scolaire s’annonce incertain et inquiétant. Dans cet entretien, le syndicaliste du secteur de l’éducation nationale, Nabil Ferguenis, évoque une année scolaire qui s’annonce difficile, vu le nombre important d’élèves admis en classes supérieures. Le syndicaliste se dit inquiet de la situation de l’école algérienne, qui verse selon lui dans tout sauf dans la modernité, la citoyenneté et la mise en valeur des compétences. Nabil Ferguenis s’interroge : « Face à ce grand défi, la tutelle sera-t-elle au rendez-vous ? »
Entretien réalisé par Louisa Ait Ramdane
Le jour d’Algérie : Comment s’annonce la rentrée scolaire 2020-2021 selon vous ?
Nabil Farguenis : Avant de répondre à cette question, il est important de parler de la situation actuelle de notre école qui verse dans tout sauf dans la modernité et la citoyenneté. Une école qui encourage tout sauf les compétences et le savoir faire. Ajouter à cela, une surcharge des classes et celle des programmes et des horaires. La situation actuelle de l’école algérienne qui se singularise par la surcharge des classes d’une part et celle des programmes et des horaires d’autre part, ne permet pas à l’enfant de s’épanouir et d’exercer les activités culturelles et sportives nécessaires pour son évolution mentale et corporelle. En plus de cela les programmes sont loin d’être attractifs pour l’enfant. La surcharge du cartable aussi pèse sur la santé de l’enfant qui trimballe 12 à 15 kilos de livres et cahiers chaque jour! Aussi, les établissements scolaires sont dans une situation alarmante.
Les établissements sont dans une situation alarmante aggravée par le système d’austérité imposé, le matériel en panne depuis des années sachant que le manque de maintenance et la restauration laissent à désirer.
Dans quelques jours nous assisterons à une rentrée scolaire qui s’annonce difficile, vu le nombre grandiose le nombre croissant d’élèves admis en classes supérieures est dû principalement, cette année, à la moyenne de passage qui est à 9/20.
Ainsi, l’importance du nombre d’élèves admis au cycle secondaire et au niveau des collèges posera à coup sûr le problème de surcharge des classes. Une équation difficile à gérer.
On sera donc devant un grand défi. Le ministère de l’Education national doit agir en urgence pour rattraper et corriger certains dysfonctionnements qui pourraient plonger le secteur dans l’anarchie.
Le ministère de l’Education nationale parle d’un protocole sanitaire de prévention. Sera-t-il à votre avis respecté sur le terrain ? Est ce que l’école possède les moyens de prévention nécessaire contre le coronavirus pour accueillir les élèves?
Nabil Farguenis : La situation sera difficile car nous ne savons pas quand la pandémie du Covid-19 prendra fin. De plus, les établissements d’enseignement n’ont pas les moyens de prévention nécessaires pour accueillir les élèves. Aussi, il sera difficile de respecter le protocole sanitaire d’autant qu’un nombre important d’établissements scolaires seraient dans l’incapacité d’appliquer ce protocole, en raison d’une «dégradation avancée». Cette situation pèsera certainement sur l’incapacité des établissements à réunir de façon régulière les produits d’entretien et d’hygiène. A cela s’ajoute le manque de personnel d’entretien appelé ouvrier professionnels, ce qui rendra le nettoyage et la désinfection des salles très difficile pour ne pas dire impossible. Il faut que les établissements soient dotés par la tutelle en produits d’hygiène et d’entretien ainsi qu’en matériel de désinfection pour régler ce problème. Il faut aussi trouver une solution pour transport scolaire. Je doute qu’avec les moyens actuels limités, le système scolaire ne pourra pas assurer la protection de la santé et la sécurité des élèves, des enseignants et des autres personnels de l’éducation.
Selon vous, est ce que c’est possible d’organiser la rentrée scolaire en octobre et qu’est ce que vous suggérer pour sa réussite ?
Nabil Farguenis : Le ministère de l’Éducation nationale doit revoir sa décision d’organiser la rentrée scolaire le mois d’octobre prochain. Les directions de l’éducation au niveau national n’auront pas suffisamment le temps pour préparer au mieux les emploies de temps, de revoir le programme, d’alléger les horaires et d’organiser le transport. Ce n’est pas une question de possible ou pas possible. Le ministère doit trancher dès maintenant pour gagner du temps et permettre aux élèves de retourner aux bancs de l’école. Et aussi donner à l’administration le temps de préparer les emplois du temps pour les élèves et les enseignants. Pour l’organisation de cette rentrée, on peut commencer par le système de « groupe », surtout que parfois il y a des classes dont le nombre d’élèves dépasse les 45. Donc, on sera dans l’obligation de réduire les heures et d’alléger le programme scolaire. Par la suite, on verra l’évolution de la situation avec le temps. Mais une chose, est sure, on doit protéger la santé de l’élève et du travailleur mais aussi ne pas rester aussi longtemps loin des bancs de l’école. Et la tutelle doit prendre des décisions sages dans les plus brefs délais. J’espère que la rentrée des classes ne tardera pas, sinon on fera face à un problème de cumul et de cours perdus et qui ne sera pas sans conséquences sur le déroulement de l’année scolaire.
L.A.R