Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a abordé, dimanche soir, de nombreuses questions nationales et internationales, à l’occasion de son rendez-vous périodique avec les représentants des médias nationaux.
Par Meriem Benchaouia
Face aux journalistes Samira Belamri («Echourouk») et Saïd Boucetta («L’Expression»), le chef de l’Etat a annoncé que l’avant-projet de loi portant déchéance de la nationalité algérienne pour tout Algérien qui commet des actes portant atteinte à la sécurité et à l’unité nationales, a été «retiré» en raison de «son interprétation erronée». La décision du retrait de ce texte, présenté en réunion du gouvernement, intervient suite à «l’interprétation erronée qui en a été donnée», a expliqué le chef de l’Etat, rappelant que «la double nationalité ou la pluri-nationalité n’est pas un crime et nous respectons cela car supposé apporter un plus au pays d’origine du concerné dans un climat empreint de nationalisme». «Cette procédure concernait uniquement la question de l’atteinte à la sécurité de l’Etat que nous défendrons d’une manière ou d’une autre», a poursuivi le Président.
Concernant les élections législatives du 12 juin prochain, le chef de l’Etat a affirmé qu’elles doivent être «intègres» et «transparentes», assurant que l’ère des quotas «est révolue».
«Quel que soit le taux de participation aux élections, nous exigeons qu’elles soient intègres, transparentes et fassent ressortir celui qui mérite la confiance du peuple», a déclaré le Président Tebboune. «Nous espérons que le peuple algérien prenne conscience que nous sommes en passe de bâtir une Algérie nouvelle dont il est le socle de par ses choix», a soutenu le chef de l’Etat qui a formé le vœu de voir un taux de participation «élevé», variant entre «les 40 et 50 %», à l’image des taux réalisés à l’échelle mondiale.
Au sujet de la création de nouvelles wilayas au Sud, il a affirmé que «la création de nouvelles wilayas illustre la force de l’Etat algérien et sa capacité à développer les régions du Sud», relevant que «l’ensemble des wilayas du pays sont tenues d’atteindre des normes de développement et de réaliser certains indices de croissance».
Qualifiant la polémique autour de la création des 10 wilayas de «stérile», le président de la République a indiqué que «le pays n’a nullement besoin de ce genre de débats byzantins, qui ne font que jeter de l’huile sur le feu».
Fonds détournés : «J’attends les décisions définitives de justice»
Abdelmadjid Tebboune a affirmé, dimanche soir, que la récupération des fonds détournés vers l’étranger était tributaire par le prononcé de jugements définitifs dans les affaires intentées à l’encontre des auteurs qui, a-t-il ajouté, «devront, un jour, dévoiler les emplacements secrets de ces fonds». Il a évoqué l’état d’avancement de l’opération de restitution des fonds détournés vers l’étranger, soulignant que cette question demeure l’un des principaux objectifs tracés, mais reste «tributaire du prononcé de jugements définitifs». La plupart des jugements rendus dans ce cadre ne sont pas définitifs, certains faisant l’objet de pourvois au niveau de la Cour suprême, a-t-il précisé. Faisant état de «bonnes nouvelles qui seront annoncées le mois courant», il a indiqué que les ambassadeurs d’Algérie à l’étranger ont entamé des démarches pour la récupération de biens immobiliers, citant l’ambassadeur algérien à Paris qui a réussi à récupérer «44 biens immobiliers de l’Algérie, dont des appartements et des châteaux».
Après avoir réitéré sa détermination à poursuivre cette démarche, le Président a déclaré : «Je suis toujours engagé par ma promesse, toutefois, les circonstances que nous avons traversées n’étaient pas favorables, notamment la pandémie de Covid-19».
Entre 6 000 et 10 000 milliards de DA en circulation dans le marché parallèle
Toujours lors de son entrevue télévisée, Abdelmadjid Tebboune s’est penché sur la question de la prolifération du secteur informel. Il a estimé que le montant des fonds en circulation dans le marché parallèle oscillerait entre 6 000 et 10 000 milliards de DA, soulignant que les mesures adoptées pour drainer une partie de cet argent, notamment avec la généralisation de la finance islamique, sont à même de donner «un résultat positif». Affirmant que le lancement et la généralisation de la finance islamique et l’émission de titres sont à même de donner des résultats «positifs», il a fait état de «la récupération de quelque 100 milliards de centimes en un seul mois». A une question concernant le dossier des véhicules, le chef de l’Etat a assuré qu’il sera réglé durant le semestre en cours, soulignant que l’Algérie se dirigera vers une nouvelle expérience basée sur «le véritable montage automobile». «L’expérience passée n’a donné aucun résultat et nous a coûté une fortune», a-t-il déploré. Quant aux préparatifs du mois de ramadhan, il a assuré que les stocks des produits alimentaires étaient suffisants et les capacités financières disponibles pour répondre aux besoins de consommation des citoyens, appelant à s’abstenir de la frénésie d’achat à la veille du ramadhan.
Concernant «la pénurie» enregistrée récemment en huile de table sur le marché, en dépit de sa large disponibilité au niveau des usines, il a rappelé les instructions qu’il avait données au ministre du Commerce, de faire face à de telles situations «avec la plus grande fermeté», affirmant que «nul ne peut attenter à la stabilité de l’Etat».
«J’ai reçu Belmadi, c’est un homme qui fait un travail excellent»
S’agissant du domaine sportif, le président de la République a confirmé avoir rencontré le sélectionneur de l’équipe nationale de football, Djamel Belmadi, le qualifiant de «personne sympathique qui a fait un travail gigantesque qui a remonté le moral du peuple algérien».
A une question sur le développement de la situation en Libye, le Président a affirmé que l’Algérie était prête à apporter l’aide et l’accompagnement aux Libyens lors de la prochaine étape du règlement politique et d’édification, estimant que les derniers développements politiques et sécuritaires en Libye «sont très positifs et honorent les Libyens». Concernant les récents développements au Niger suite à la tentative du coup d’Etat, il a indiqué que «l’Algérie, qui rejette toute ingérence dans ses affaires internes, se refuse aussi d’évoquer des questions internes d’autres pays». Cependant, a-t-il ajouté, «l’Algérie considère les pays avec lesquels elle partage des frontières, à l’instar du Niger et du Mali, en tant que pays frères et tout ce qui leur est nuisible l’est pour nous aussi». M. B.