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vendredi 19 avril 2024

Engagement

Il y a trois semaines, Christian Estrosi, ancien ministre de l’Industrie du président de droite Nicolas Sarkozy, lançait un pavé dans la marre en affichant publiquement son souhait de voir son parti Les Républicains se ranger derrière une candidature d’Emmanuel Macron à l’occasion de la prochaine élection présidentielle de 2022. Une déclaration qui a pour le moins été très mal accueillie par une large partie de la droite qui a accusé le maire de Nice de brader leur parti. La réponse de la droite à la proposition d’Estrosi a aussi servi à Emmanuel Macron et son équipe de thermomètre pour savoir quels pouvaient être leurs alliés pour la prochaine course à l’Élysée. C’est ainsi que Jean Castex, Chef du gouvernement issu de la droite, a salué cette semaine les centristes du MoDem de François Bayrou, «un allié essentiel» dont le Président Emmanuel Macron et le Premier ministre «ont besoin». L’homme de Matignon a évoqué «un engagement européen sans failles, la conception même de la décentralisation, et par-dessus tout le fait d’avoir mis toujours la personne humaine au cœur de l’action de cette famille politique», dans une intervention par visioconférence aux journées de rentrée du parti héritier en France de la démocratie chrétienne. «Cette pensée politique, la France en a besoin. Le président de la République en a besoin. J’en ai besoin», a-t-il insist. «Nous ne pouvons pas nous adresser aux Français sans que notre discours soit construit sur un socle solide, sur une pensée politique de longue haleine». Alors que la France affronte en même temps la crise sanitaire, la crise économique et sociale et une «crise d’autorité qui mine notre pacte républicain», Jean Castex a évoqué un moment «propice à tous les sursauts». «Nous n’y parviendrons, a-t-il dit, que par la conviction, par l’offensive, par la restauration de la confiance, par l’unité et par le rassemblement». François Bayrou est intervenu auparavant, soulignant le rôle à jouer par les territoires pour surmonter la crise, et saluant le choix de Jean Castex «élu local de notre province lointaine pyrénéenne» pour occuper Matignon. Le président du MoDem s’est aussi inquiété des «fractures du destin» qui enrayent la mobilité sociale. «Il y a rupture dans la société française entre la base la plus large (…) et le prétendu sommet de la société», a décrit le maire de Pau. «Il y a très longtemps que la base ne se reconnaît plus dans le sommet. Et même quand le sommet est de valeur, le seul fait qu’il soit situé en situation de responsabilité entraîne le doute sur les privilèges, sur l’argent, les bénéfices supposés des fonctions». En 2017, l’alliance de Macron avec Bayrou, ajoutée aux ralliements de nombreuses personnalités de droite et de gauche avait réussi, surtout suite au scandale qui a explosé au visage de François Fillion, accusé de détournement de fonds publics, à remporter l’Élysée. Mais aujourd’hui, après un mandat particulièrement difficile, traversé par la contestation des «gilets jaunes» ainsi que par le départ de plusieurs députés La République En Marche, déçus par la direction du quinquennat de Macron, la prochaine élection présidentielle de 2022 risque d’être bien plus serrée pour le président sortant. Beaucoup assurent d’ailleurs que Macron espère officieusement qu’il se retrouvera une fois encore face à Marine Le Pen pour le second tour, ce qui forcera, une fois encore, beaucoup de Français à avoir recours au vote «républicain» invoqué par la droite et la gauche traditionnelle pour barrer la route au Rassemblement National.
F. M.

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