François Bayrou peut-il encore sérieusement se présenter à une nouvelle élection présidentielle, alors même qu’il est depuis longtemps la risée d’une partie de la classe politique qui se moque allégrement de ses multiples échecs aux élections présidentielles passées ? Son passage éclair au sein du premier gouvernement formé sous Emmanuel Macron n’a pas aidé les choses, le maire de Pau ayant décidé de démissionner de son poste de garde des Sceaux après que son parti politique a été accusé de détournement de fonds publics dans l’affaire des emplois fictifs d’assistants parlementaires d’eurodéputés. Pourtant, le président du MoDem, candidat à trois reprises à une élection présidentielle (2002, 2007, 2012) et qui s’est montré relativement discret ces dernières années, «n’écarte pas» aujourd’hui l’éventualité d’une quatrième campagne en 2027, a-t-il déclaré dimanche lors d’une interview. «Qu’est-ce que vous voulez me demander sur le Palais de l’Élysée ?», a-t-il légèrement souri à la vue d’une photo du palais présidentiel. Le bras droit d’Emmanuel Macron, nommé haut-commissaire au plan en 2020, pourrait bien préparer son coup pour 2027. «Est-ce que c’est pour moi, à titre personnel, une obsession de chaque matin ? Non. Est-ce que, cela dit, c’est un engagement écarté ? Non», a signifié François Bayrou. «S’il y a un seul responsable politique qui ne pense pas à l’élection majeure, c’est qu’on se demande ce qu’il fait dans cet engagement», a-t-il relevé, avant d’ajouter que «c’est là que tout se joue». Le maire de Pau, âgé de 71 ans, estime avoir «été candidat trop jeune à certaines époques à la présidence de la République». Mais il considère avoir loupé de peu son pari. «On a failli réaliser en 2007 ce qui a été réalisé en 2017 avec Emmanuel Macron», a-t-il rappelé. «Aujourd’hui, si vous regardez tous les pays du monde sans quasiment aucune exception, tous ont des présidents de la République du même âge ou plus âgés que moi», a souligné François Bayrou, donnant l’exemple de Lula récemment réélu au Brésil. Et le chef du MoDem de se répéter sur sa possible candidature: «Je n’ai pas cette obsession mais je n’exclus jamais rien». Pourtant, si Bayrou cite les présidents élus ailleurs, il ne se demande pas si les Français sont eux intéressés par sa candidature alors même que le centriste n’a jamais réussi à susciter l’enthousiasme. Et s’il est vrai qu’il s’est imposé en 2012 comme le troisième homme du scrutin lors de l’élection présidentielle, c’était aussi peut-être dû à un manque de candidats charismatiques. Peut-être aura-t-il la même chance en 2027 et pourra-t-il une fois encore espérer arracher la victoire à la course à l’Élysée.